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Elle revient en France : sur les traces de la loutre d’Europe
“On l'appelle la petite panthère des eaux. C'est une bestiole qui a un capital sympathie énorme auprès de tout le monde, parce qu'elle est espiègle, joueuse, drôle, mignonne, et pourtant, elle a failli disparaître. Mais c'est une espèce qui se porte de mieux en mieux. Elle revient un peu partout en France” explique Bastien Masson, photographe animalier à propos de la loutre d’Europe. Il ajoute que dans les années 1970, cette espèce “avait quasiment disparu de France. Son état était jugé extrêmement préoccupant, il restait deux noyaux de population en France, dans le Massif central et sur la façade atlantique. Ces deux noyaux de population sont arrivés à se maintenir. Et à partir du moment où l'espèce a été protégée dans les années 1980 et sa chasse strictement interdite, le retour s'est opéré tout seul”.
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“Dans les années 1970, on estimait que la loutre d’Europe était proche de l'extinction”
“Il faut savoir qu'en France, notamment dans le Massif central, le Limousin, le Cantal, il y avait des gens qui s'étaient spécialisés dans la chasse de la loutre, avec des chiens dressés pour aller les sortir de leur terriers. La fourrure de loutre étant très, très chaude, une peau de loutre, ça coûtait extrêmement cher, ça rapportait beaucoup d'argent aux piégeurs et aux chasseurs. Dans les années 1970, on estimait qu'elle était proche de l'extinction. Il n'y avait pas beaucoup d'espoir d'Europe en France. Et la tendance s'est inversée à partir du moment où l’espèce a été protégé et on a commencé à faire attention au milieu aquatique. On a fait en sorte de diminuer la pollution aux PCB et aux métaux lourds, de prendre les cours d'eau pour des décharges et de vouloir à tout prix réaménager les lits des rivières et les cours d'eau pour nos propres besoins” affirme Bastien Masson.
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“C'est un exemple parfait d'un retour spontané, sans intervention humaine”
Pour lui, “à partir du moment où on a laissé les rivières sauvages, la loutre s'en est mieux portée parce qu'il y a eu plus de proies et parce qu'on lui a laissé plus de place, tout simplement. C'est un exemple parfait d'un retour spontané, en fait, sans intervention humaine”. De manière générale, une loutre donne naissance à un, voire deux, loutrons. “C'est pour ça que ça va relativement lentement quand même”. Le photographe animalier estime qu’il est “difficile d’estimer les populations de loutre aujourd’hui en France. On ne va pas avoir de chiffre à donner parce que ça reste un animal discret, furtif. Donc ce qu'on va chercher à établir, c'est sa simple présence, en cherchant des indices de présence. Mais ce serait trop compliqué d'établir un comptage, d'avoir un nombre d'individus.”
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“Si tu es témoin de quelqu'un qui s'en prend à une loutre, c'est une peine de prison”
“Le fait qu'elle se porte mieux, pour l'instant, ça ne va pas changer son statut. Cela reste une espèce à laquelle il faut faire attention parce que ça se porte bien, elle est en train de recoloniser ses anciens territoires, mais il faut que ça continue, en fait. Elle est protégée : si tu es témoin de quelqu'un qui s'en prend à une loutre, c'est une peine de prison. Et il y a déjà eu des projets qui ont été arrêtés parce que la présence de la loutre d'Europe avait été établie. C'est censé être non négociable”.
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Enfin, pour Bastien Masson, le retour de la loutre d’Europe présente un autre avantage : “Si on devait mettre en avant avant un aspect avantageux au retour de la loutre, c'est le mettre en opposition qui est l'écrevisse américaine, qui a tendance à être très présente dans beaucoup de cours d'eau en France, au détriment d'autres espèces autochtones qui, elles, se font exploser par les écrevisses américaines. Et la loutre, sur des rivières où il y a de l'écrevisse elle va pas aller chercher plus loin parce que c’est une source de nourriture abondante, et en plus de ça, bien plus facile à chasser qu'un poisson. Donc, elle, elle va s'en faire des festins”.