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Elle vit avec le RSA : le quotidien de Laetitia, 47 ans, 2 enfants
“Pour tout le temps garder la tête hors de l’eau, c’est un boulot monstre”
“Je pense que les trois quarts de ces choses ne sont plus forcément consommables.” De loin, le frigo de Laetitia semble bien rempli. A y voir de plus près, beaucoup de pots sont vides.
“Il ne reste même pas grand-chose dedans, que de l’huile. C’est pour donner l’illusion que notre frigo n’est pas vide même quand il n’y a plus grand-chose dedans.”
Laetitia vient d’avoir 47 ans. Elle est bénéficiaire du RSA. Elle a deux enfants qu’elle a élevés seule : une fille de 18 ans et un fils de 14 ans.
“J’ai eu souvent des réflexions dans le passé : ‘avec les aides, tu vis mieux qu’un smicard’ ; ‘mais t’as pas besoin d’aide, tu t’en sors très bien’.
Si j’étais filmée H24, tout ce que je dois déployer, à titre personnel, pour tout le temps garder la tête hors de l’eau et qu’on ait une vie qui soit dans une certaine forme de normalité, c’est un boulot monstre” explique la jeune femme.
Sans les aides des associations, “je ne pourrai pas mettre d’essence dans la voiture”
Une fois par mois, Laetitia se rend au Secours Populaire pour faire des courses alimentaires.
Contre une petite participation financière, à hauteur de 4 euros, la mère de famille peut acheter du lait, du sucre, du café, un peu de fruits et des légumes, des céréales, des conserves.
“Là, un caddie comme ça, je pense que j’en aurais pour 60 euros à peu près, surtout qu’il y a des produits qui sont produits localement.
Donc, ça représenterait que je ne pourrais pas mettre d’essence dans la voiture, ça représenterait que, quand mes enfants ont besoin de renouveler la course, ou une activité qui vient se greffer par l’école, je ne pourrais pas la payer.
Ça représenterait que le reste ne partirait que dans la nourriture si je n’avais pas l’aide des associations.”
La précarité touche aussi les étudiants. Brut avait suivi Lizzie, 20 ans, qui malgré ses 4 jobs vit chaque mois à découvert.
“Quand je m’en serai sortie, je continuerai à aider d’une façon ou d’une autre”
“Le Secours populaire, moi, je sais que même, quand je m’en serai sortie, je continuerai à aider d’une façon ou une autre” explique Laetitia.
La jeune femme vient régulièrement aider à organiser des collectes qui seront distribuées dans des foyers.
L’association a également permis à la mère de partir en vacances en famille et d’aller voir des spectacles d’humoristes au Zénith : “Parce qu’il y a se nourrir, et il y a aussi se nourrir autrement. Et ça, c’est vrai que de ce côté-là, ils sont vraiment géniaux.
Je fais plein de choses aussi pour montrer à mes enfants et à d’autres personnes qu’on peut quand même avancer malgré tout ça.”
A ceux qui lui conseillent d’acheter des produits en gros, Laetitia répond : “Ouais, je suis d’accord, c’est plus avantageux d’acheter les produits en gros.
Mais le seul problème c’est que quand vous n'avez que 20 euros par semaine, vous ne pouvez pas vous permettre d’acheter 50 rouleaux de papier qui sont moins chers, certes, mais les 20 euros par semaine ne partent que dans le papier. Mais on ne mange pas encore le papier toilette chez nous !”
Depuis le confinement, un million de Français auraient basculé dans la pauvreté.
“Il faut déployer des ressources personnelles pour vivre, sinon c’est survivre”
Laetitia raconte son parcours : “Je suis vraiment rentrée dans le dispositif RSA depuis la naissance de ma première fille, donc ça va faire à peu près une vingtaine d’années.
Et il y a eu des périodes où je travaillais, il y a eu des périodes où je me consacrais plus aux problématiques de mes enfants.”
Actuellement, lui ont été attribués un droit au logement, un droit au RSA et un droit de soutien/ allocations parentales, soit “à peu près 1100 euros”.
Pour ce que sont des comptes, “déduction faite après de cette APL qui part au bailleur, il me reste 840 euros sur mon compte. Avec ces 840 euros, je paye 206,39 euros de loyer. À cela s’ajoute tout ce qui est gaz et électricité.
Il me reste à peu près entre 150 et 200 euros selon les mois et c’est là-dedans que viennent mes 20 euros d’essence, mes compléments à l’épicerie. Voilà. Et après, on jongle.
Le RSA c’est une aide et on a une chance extrême de l’avoir dans notre pas
ça aide maintenant il faut déployer des ressources personnelles pour vivre, sinon c’est survivre.”
Face à la montée de la précarité en France, Brut a posé cette question à deux économistes : faut-il ouvrir le RSA aux jeunes de moins de 25 ans ? Découvrez leurs réponses.