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Enquête sur les dessous de la catastrophe du port de Beyrouth

Le 4 août dernier, 2750 tonnes de nitrate d'ammonium explosaient dans le port de Beyrouth. Envoyé spécial a enquêté sur l'origine de cette cargaison responsable de la mort de plus de 200 personnes et de la destruction de milliers de logements.
Publié le
12
/
11
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2020

Envoyé Spécial : ce qui a causé l’explosion de Beyrouth


En août dernier, une explosion a causé la mort de 200 personnes à Beyrouth. Envoyé Spécial a retracé le périple de la cargaison responsable de la destruction de milliers de logements.


4 août 2020 : 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium explosent dans le port de Beyrouth. Le produit explosif y était entreposé depuis sept ans. Aucune précaution n’avait été prise, en dépit d’alertes lancées à plusieurs reprises.


Parcours d’une cargaison meurtrière


L’histoire commence à 1.500 kilomètres de Beyrouth, à Batumi, en Géorgie. En septembre 2013, 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium sont chargées à bord d’un navire en mauvais état : le Rhosus. Le capitaine de l’embarcation, aujourd’hui visé par un mandat d’arrêt Interpol, s’appelle Boris Prokoshev.


La route est ensuite modifiée pour une raison budgétaire. « Ils sont obligés, en cours de route, d’aller à Beyrouth pour charger une autre cargaison afin d’augmenter la valeur marchande et de pouvoir finir la traversée, et c’est ainsi qu’ils se déroutent sur Beyrouth », rapporte Christian Buchet, expert maritime. Une fois en Grèce, une marchandise supplémentaire est chargée dans le Rhosus.


L’arrivée sur le port de Beyrouth


À leur arrivée à Beyrouth, la cale du navire se fissure lors du chargement. Le navire est immobilisé et l’équipage est retenu au Liban pendant près d’un an. L’armateur, Igor Grechushkin, abandonne sa cargaison et disparaît. Il refuse de payer ses dettes et ne répond plus aux appels. En 2014, la direction du port et les douanes libanaises transfèrent la cargaison dans un hangar.


« Dans le port, on était arrimés à un autre bateau.Une fois, le capitaine de ce navire, un Égyptien, m’a proposé un marché : il voulait prendre ma cargaison et la recouvrir d’ordures car personne ne vérifie les ordures, ici. On aurait pu aller en ville vendre le nitrate d’ammonium et se partager le butin », se souvient le capitaine Prokoshev.


Joseph Naddaf, un militaire en poste à la sûreté générale du port, était un lanceur d’alerte. « Il leur a dit qu’on ne pouvait pas prédire à quel moment exactement, mais que cette cargaison allait exploser et tuer tout le monde, détruire tout le port et la ville de Beyrouth » témoigne Halim, son oncle. Comme une trentaine d’autres personnes, Joseph Naddaf est actuellement incarcéré. Plusieurs ONG dénoncent une enquête partiale quiprotégerait les ministres et les hauts responsables libanais.