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Dans l'Escaut, un fleuve du Nord de la France, un nombre inquiétant de poissons morts
Dans un fleuve des Hauts-de-France, un nombre inhabituel de poissons morts
Selon les habitants de la région, la rupture d’une digue d’une usine sucrière a pollué l’Escaut, un fleuve de 350 km qui traverse le nord de la France, la Belgique et le sud des Pays-Bas.
« Moi qui suis dans le département du Nord depuis 20 ans, je peux vous dire que c’est l’une des plus grosses catastrophes que j’ai eu à connaître », déplore Emmanuel Petit, président de la Fédération du Nord pour la pêche et la protection du milieu aquatique. La catastrophe dont il parle, c’est un nombre inquiétant de poissons morts dans les eaux françaises de l’Escaut.
100.000 m3 d’eau se sont déversés dans l’Escaut
Ce fleuve de 350 km traverse le nord de la France, la Belgique et le sud des Pays-Bas. Pour les défenseurs de l’environnement, la mort de ces animaux est la conséquence d’une rupture de digue contenant les eaux usées d’une usine française. « Des riverains ont été touchés par des inondations de caves du fait de la rupture de la digue et de ces 100.000 m3 d’eau qui se sont déversés dans l’Escaut », constate Thomas Frémond, militant Europe Écologie Les Verts.
Jean-François Devemy est pêcheur à Bouchain, dans les Hauts-de-France. C’est l’un des premiers à avoir découvert un nombre inhabituel de poissons morts début avril. « Ils étaient là, dans tout l’étang. Il y avait des brochets, des carpes, des gardons et des tanches. On en a ramassé pour à peu près une centaine de kilos. Chaque année, on a des pertes, mais jamais autant. »
« Le phénomène s’est propagé sur toute la longueur de l’Escaut, jusqu’en Belgique »
Le maire de Bouchain, Ludovic Zientek, a vite été interpellé par les habitants. « Des riverains du bassin rond m’ont fait savoir que beaucoup de poissons morts étaient remontés à la surface des eaux et qu’une odeur nauséabonde s’en dégageait », se souvient le maire. Celui-ci s’est d’abord demandé si les fortes chaleurs du moment pouvaient être à l’origine du problème.
« Mais on s’est dit très vite que ça ne pouvait venir que d’un problème de pollution éventuelle, d’autant que le phénomène s’est propagé sur toute la longueur de l’Escaut, jusqu’en Belgique », poursuit Ludovic Zientek. Pour les habitants de la région, c’est la rupture d’une digue d’une usine sucrière qui est à l’origine de cette pollution.
Selon l’usine, il s’agit simplement de l’eau utilisée pour laver les betteraves
« L’usine Tereos est un grand groupe alimentaire de fabrication. Elle utilise notamment la culture betteravière qu’il y a dans les champs aux alentours. Il y a quelques bassins de décantation de la sucrerie. Celui qui a rompu se trouve dans la commune de Thun-Saint-Martin. Il a rompu entre le 9 et le 10 avril », explique Thomas Frémond.
Selon la presse locale, 100.000 m3 de liquide – l’équivalent de 40 piscines olympiques – provenant de ces bassins de décantation se sont déversés dans l’Escaut. Selon Tereos, il s’agit simplement de l’eau utilisée pour laver les betteraves.
« Dès que cette pollution a été dans la rivière, le taux d’oxygène est devenu 0 »
« Quand cette matière organique vient dans la rivière, des bactéries commencent à décomposer cette matière organique. En faisant ça, ils utilisent l’oxygène, et l’oxygène, c’est extrêmement important pour tous les animaux dans la rivière. Dès que cette pollution a été dans la rivière, le taux d’oxygène a diminué très vite et est devenu 0. Et quand le taux en oxygène est de 0, ce n’est pas possible pour des animaux, des poissons, des invertébrés, pour n’importe quoi, de vivre », analyse Patrick Meire, biologiste à Anvers.
En Flandres, une enquête est en cours
La société Tereos a reconnu un incident et affirme avoir fait le nécessaire. Elle a immédiatement mis en œuvre les actions nécessaires pour répondre à l’urgence de la situation et a d’emblée alerté les autorités compétentes françaises en évoquant le point spécifique de l’Escaut.
Mais cette pollution aurait également touché l’aval du fleuve, en Belgique. Selon la région wallonne, des dizaines de milliers de tonnes de poissons sont morts. En Flandres, les autorités sont parvenues à atténuer le phénomène, et une enquête est en cours. Dans un communiqué toutefois, la société explique qu’il est trop tôt pour affirmer que la rupture de la digue est à l’origine de la mort des poissons en Belgique.