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Fluker : une baleine à l'agonie en Méditerranée
Une baleine squelettique, à l’agonie, aperçue en Méditerranée
Le rorqual commun Fluker n’a plus de nageoire caudale. Elle est désormais incapable de plonger pour se nourrir. Elle errerait ainsi depuis plus d’un an.
Depuis 20 ans, Fluker, une femelle rorqual commun, est régulièrement observée au large des côtes françaises, notamment dans le sanctuaire pour cétacés de Pelagos. Jusqu’à présent, la baleine était reconnaissable à sa nageoire caudale à moitié amputée, séquelle d'une collision avec un navire. Le rorqual commun est le second plus gros animal au monde et l'une des 20 espèces de cétacés présentes en Méditerranée.
« Elle vit sur ses réserves »
Récemment, un nouvel accident a totalement sectionné la nageoire caudale de Fluker, indispensable à ses déplacements. Les scientifiques qui la suivent étaient persuadés qu’elle ne survivrait pas. Mais contre toute attente, Fluker a été signalée il y a un peu plus d'un mois en Grèce, longeant la côte.
« Malheureusement, Fluker est dans un état absolument déplorable. Comme elle n'a plus de caudale, elle ne peut plus se nourrir, elle ne peut plus plonger. Elle est en survie, je dirais même en agonie depuis plus d'un an. Elle vit sur ses réserves », s’attriste Denis Ody, responsable du programme Cétacés au WWF France.
Jusqu’à 40 rorquals communs décéderaient chaque année des suites de collisions à Pelagos
Pour se nourrir, les rorquals plongent à plusieurs centaines de mètres et vont chercher des poches de krill, de petites crevettes qui constituent leur nourriture quasiment exclusive. « Fluker est terriblement amaigrie, elle n’a plus que la peau sur les os. Elle respire très difficilement. C’est une fin de vie, et c'est assez triste de voir ça, parce que c'était une petite célébrité dans la Méditérannée », poursuit Denis Ody.
Selon les estimations du WWF, entre huit et 40 rorquals communs décéderaient chaque année des suites de collisions dans le sanctuaire de Pelagos. Et avec le trafic maritime mondial qui devrait augmenter de 4 % par an d’ici à 2025, ces accidents pourraient devenir encore plus fréquents.
Les activités humaines en cause
« Fluker illustre parfaitement ce que les rorquals doivent supporter de nos activités. D'une part, le risque de collision, qui est la première cause de mortalité non naturelle. D'autre part, tous les risques liés aux engins de pêches, tous ces bouts qui finissent à la mer dans lesquels ils s'enchevêtrent », explique Denis Ody.
Une autre menace qui pèse de plus en plus sur les baleines est celle de la pollution. « On a fait des biopsies de Flucker et on a découvert qu'elle était contaminée par des PCB, par des dérivés des DDT, par des produits organochlorés », indique le responsable à WWF France. Ces produits phytosanitaires sont pourtant interdits depuis une quarantaine d’années. « Ça veut dire que tous les nouveaux produits qu'on balance aujourd'hui, on les retrouvera dans les rorquals communs dans 50 ans. Fluker est une belle illustration de ce que nous faisons subir à nos colocataires de la planète Terre », déplore Denis Ody.