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Arctique : la fonte des glaces ouvre de nouvelles voies commerciales
En Arctique, la fonte des glaces ouvre de nouvelles routes commerciales
« L’impact du changement climatique force la région polaire à subir une transition sans précédent dans l’histoire de l’humanité », assure Victoria Herrmann, présidente l’Institut Arctique.
Une catastrophe écologique qui devient une opportunité économique… Dans l’océan Arctique, le trafic maritime et l’exploitation des ressources naturelles sont accélérés par la fonte de la banquise. « L’impact du changement climatique force la région polaire à subir une transition sans précédent dans l’histoire de l’humanité », assure Victoria Herrmann, présidente l’Institut Arctique.
Une réduction du temps de trajet de l’Asie à l’Europe
Alors que les températures de l’air et de la mer se réchauffent à plus du double de la moyenne mondiale, l’océan Arctique a perdu 95 % de sa plus ancienne banquise documentée, selon l’Institut Arctique. Ironiquement, cette situation est perçue comme une opportunité par plusieurs pays. L’Arctique est en effet un territoire très stratégique : 13 % du pétrole et 30 % du gaz non découverts s’y trouveraient, d’après le World Economic Forum.
La fonte de la banquise ouvre par ailleurs de nouvelles routes commerciales : en passant par l’Arctique, un trajet de l’Asie à l’Europe durerait 18 jours, au lieu des 30 jours actuellement nécessaires via le canal de Suez. Parmi les pays cherchant à exploiter ces nouvelles opportunités : la Russie – le plus actif, avec une flotte de 57 navires brise-glace – la Chine, le Canada, les États-Unis et les pays scandinaves.
Une augmentation des émissions de carbone et de pur carbone
Les conséquences environnementales du développement de ces routes sont nombreuses. « Alors que de plus en plus de cargos transitent des marchés asiatiques vers les marchés occidentaux, il y a une augmentation des émissions de carbone et de pur carbone qui, à terme, se traduit par davantage de réchauffement climatique », déplore Victoria Herrmann.
De plus, les mazouts lourds brûlés par les navires transitant par la route maritime du Nord créent de la suie. Cette suie noire recouvre la banquise et la neige de l’Arctique, qui absorbent ensuite la chaleur du soleil et fondent beaucoup plus rapidement.
La sécurité alimentaire des peuples indigènes menacée
L’impact est également humain : la sécurité alimentaire des nombreux peuples indigènes vivant dans la région est menacée. Car l’augmentation du trafic maritime et l’extraction de ressources menacent les populations de poissons dont ils se nourrissent. Un désastre pour Victoria Herrmann : « Des Yupic et Inuits d’Amérique du Nord jusqu’aux Samis d’Europe, l’augmentation du transport maritime a d’énormes conséquences. Leur souveraineté en tant que nation n’a pas été reconnue dans les négociations pour le trafic maritime de l’Est vers l’Ouest. »
Toutefois, malgré les effets d’annonces et les investissements massifs, le transport maritime en Arctique reste limité. Il existe en effet de nombreux obstacles pratiques : le coût des brises glaces, les risques élevés d’accidents, les glaces dérivantes difficiles à détecter... Actuellement, le trafic annuel sur la route maritime du Nord équivaut à celui d’une journée sur le canal de Suez.
Le Conseil de l’Arctique peine à préserver les enjeux écologiques face aux intérêts économiques
Nous pouvons nous attendre à une augmentation du trafic sur la route maritime du Nord, mais pas à une montée en flèche des navires et des marchandises allant de l’Est à l'Ouest, selon Victoria Herrmann. « Même si on observe la fonte de la banquise, cela ne veut pas dire que toute la glace est réduite dans l’Arctique. Il y a encore des icebergs et de la glace que les navires doivent affronter. Et c’est ça qui rend cette route plus incertaine et dangereuse pour les navires », précise la présidente l’Institut Arctique.
Dans tous les cas, le Conseil de l’Arctique, créé en 1996 pour protéger cet environnement extrêmement fragile, peine à préserver les enjeux écologiques face aux intérêts économiques. Victoria Herrmann se montre donc plutôt pessimiste quant à l’avenir de l’Arctique.