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On a suivi l'expédition Deep Climate dans le désert d'Arabie saoudite

"C'est des climats qui sont possibles dans une trentaine d'années en France métropolitaine…" Ces climats extrêmes, ce sont ceux que l'on trouve actuellement en Laponie… et dans le désert saoudien. C'est là que notre journaliste Mina Soundiram a suivi l'expédition Deep Climate. Merci aux membres de l'expédition de recherche scientifique, conçue et dirigée par Christian Clot et le Human Adaptation Institute, de nous avoir permis de les suivre.
Publié le
25
/
06
/
2023

Froids extrêmes ou chaleurs caniculaires, des “climats possibles dans le futur


L’expédition Deep Climate a regroupé 20 “climatonautes” qui ont accepté de participer à une expérience dans des climats extrêmes. Trois expéditions de 40 jours se sont succédées : la première, en forêt équatoriale en Guyane, la seconde en Laponie septentrionale et la troisième, c’est celle-ci, dans le désert du Néfoud, en Arabie Saoudite sous une chaleur caniculaire. A 15 heures, il fait ici 45° C. “Les climats qu’on a choisis, ce sont des climats qui sont potentiellement possibles dans le futur, dans une trentaine d’années, en France métropolitaine” explique Christian Clot, chercheur et explorateur à l’initiative du projet Deep Climate, avant d’ajouter : “Surtout, ce qu’on va vivre, c’est plus de changements rapides, plus d’ouragans, plus de tempêtes et ça, c’est ce qu’on expérimente aussi en ayant une succession de milieux dans lesquels on travaille”.

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La durée de 40 jours n’a pas été choisie au hasard : “40 jours, c’est un cycle de transformation. On pense qu’il faut 36-37 jours à un humain pour transformer son concept mental et physiologique, pour s’adapter à des nouvelles conditions” commente Christian Clot. Dans la chaleur désertique, l’équipe de “climatonautes” explique pouvoir marcher 5 heures à l’aube, puis devoir arrêter vers 10 heures du matin, où les grandes chaleurs commencent à peser sur le corps et d’empêcher de faire de grands efforts. “De 9h30 jusqu’à 17h, tu ne bouges plus. Parce qu’il fait trop chaud” décrit Tiphaine, l’une des scientifiques qui participent à l’expérience. L’objectif de la mission, comme les deux précédentes, est d’évaluer l’impact de ces grandes chaleurs sur la santé humaine. Pour cela, la journée, les volontaires doivent porter des charges de 100 - 200 kg sous 40° C. Régulièrement, les membres de l’équipe mesurent leur glycémie, tension, etc.

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Mesurer l’impact du climat sur le cerveau humain 


En fait, on n’a aucune idée, aujourd’hui, du réel impact d’un climat sur l’humain en termes physiologiques, mais plus encore en termes mental, cognitif... Quelle est la transformation du cerveau ? Quelle est la perception sensorielle et émotionnelle d’un nouveau climat ? 

Donc là, on voulait travailler, vraiment, en ayant des protocoles identiques dans chaque milieu, pour essayer de répondre à cette question, finalement : y a-t-il vraiment un type de climat plus facile ou moins facile pour l’humain de manière générale à s’adapter ? On a tous cette idée que “moi, je supporte mieux le froid”, “moi, je supporte mieux le chaud”... Mais est-ce que c’est une réalité physique et cognitive ou est-ce que c’est une perception de humain ?” interroge Christian Clot, chercheur et explorateur à l’initiative du projet Deep Climate.

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Selon le chercheur, le milieu a une forte influence sur le fonctionnement d’un groupe et sur sa capacité à fonctionner ensemble. Il explique : “Si on prend simplement deux différences entre la Laponie, très froid, ou ici, l’Arabie, très chaud, la Laponie demande d’être ensemble parce qu’il fait froid, et quelque part, le fait d’être ensemble, de bouger ensemble, permet de mieux résister à la notion de température. Et le moment où on arrive ici, c’est un peu le contraire. La chaleur écrase. Elle est étouffante. Être trop près l’un de l’autre, c’est augmenter la chaleur, donc on a un peu tendance à avoir besoin d’un peu d’espace”

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"Le mot clé de l'adaptabilité, c’est l’acceptation"


A la fin de l’expédition l’heure est au bilan, pour les participants comme pour le chercheur et explorateur à l’initiative du projet Deep Climate, Christian Clot. “J’ai vu mon corps et mon esprit s’adapter à ces milieux, être rapidement résilients. Ce sont des milieux dans lesquels il faut accepter d’avoir chaud, d’avoir froid. Il faut accepter la pluie et l’humidité en Amazonie. Et plus vite on le fait, mieux on se porte par la suite” affirme Mehdi, l’un des participants. “Il y a un mot qui est la clé de l’adaptabilité : c’est l’acceptation. Si j’arrive à projeter un futur, alors je vais commencer à m’adapter. Tant que je reste focalisé sur cet instant qui me fait souffrir, alors je suis juste en réaction permanente. Une fois que les gens comprennent ce que ça peut représenter pour eux, alors peut-être qu’ils peuvent entamer ce processus. Mais pour ça, il faut qu’on les aide. C’est trop facile de dire “vous n’avez qu'à changer”, parce qu’on ne sait pas pour quoi et vers quoi” ajoute Christian Clot. 

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Cela fait 10 ans que le chercheur et explorateur, Christian Clot, prépare le projet Deep Climate. “Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’on a déjà réussi quelque chose d’assez fabuleux, que d’amener une vingtaine de personnes, relativement novices pour la plupart, dans trois milieux climatiques extrêmement différents, extrêmement complexes tous les trois, de manière successive, avec tout ce que ça représente, d’arriver au bout avec toutes les personnes en bonne santé, je crois assez heureuses d’avoir vécu l’expérience, ça veut dire qu’on peut faire face à des situations extrêmement complexes sans forcément avoir de compétences initiales, si la coopération se met en place” conclut Christian Clot.

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