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En mission avec Sea Shepherd
Une mission des activistes de Sea Shepherd (avec Le grand JD)
Victimes des filets de pêche, 1200 dauphins ont été retrouvés morts échoués sur la côte atlantique depuis janvier 2019. Le vidéaste Julien Donze, plus connu sous le nom « Le grand JD », et Brut ont suivi les activistes de Sea Shepherd France, en mission dans le golfe de Gascogne.
Le Sam Simon est l'un des bateaux de l'ONG Sea Shepherd, qui mène des opérations au large des côtes françaises pour alerter sur le sort des dauphins. En général, les opérations se déroulent la nuit. Après avoir observé les bateaux aux environs sur l'AIS, un système électronique d'identification des navires, un cap est fixé. Le but : pouvoir contrôler la remontée des filets des bateaux de pêche.
Pour attraper des poissons, deux bateaux de pêche se mettent côte à côte et tirent un énorme filet en forme d’entonnoir, qui évolue tout seul dans l'eau, sans toucher le fond. « Le problème, c'est que le dauphin va s'approcher des filets, il va être curieux et c'est là qu'il se prend dans les filets parce qu'il veut chasser, et il ne va pas faire la différence ou il va complètement être attiré par les poissons » décrit Le grand JD, vidéaste.
Sea Shepherd surveille le contenu des filets de pêche
Lorsqu’ils font face à un chalutier, l’équipe de Sea Shepherd reste un peu plus à l’écart et envoie ses deux Zodiacs, des bateaux rapides. Cela permet de pouvoir les « observer de près, sans les déranger dans leur pêche » explique Thomas Le Coz, capitaine du Sam Simon, l’un des navires de Sea Shepherd.
En effet, la pêche des chalutiers est légale, il s’agit simplement de les observer pour alerter ensuite l’opinion publique sur ce qu’il se passe réellement pour les dauphins. « On est la seule présence sur la côte ouest et dans le golfe de Gascogne pour monitorer ce qu'il se passe, donc c'est une campagne importante parce que personne d'autre n'est là » précise Thomas Le Coz.
L’attente dure plusieurs heures, le temps que les chalutiers remontent leurs filets : « On est déjà restés 8 heures » se souvient Selim Cherifi, responsable du pont à Sea Shepherd. Dès que les filets de pêche commencent à remonter, les Zodiacs de Sea Shepherd s’élancent pour vérifier leur contenu. Mais en plus d’insulter l’équipage de Sea Shepherd, les chalutiers tentent souvent de les pousser pour que l’association ne puisse pas voir ce que contiennent leurs filets. Parfois, ils les prennent même en chasse.
« Il faudrait interdire certaines techniques de pêche »
Les filets des chalutiers sont gigantesques et ramenés jusqu’au bateau à l’aide d’une immense poulie située à l’arrière du navire des pêcheurs. Ce qui a choqué Le grand JD, ce ne sont pas les dauphins coincés dans les filets, puisqu’il n’y en a eu aucun ce soir-là, mais plutôt la quantité de poissons pêchés : « T'imagines que ces filets-là, qui font des centaines de mètres, ils sont laissés cinq à six heures dans l'eau et il n'y a rien comme poissons » lance Le grand JD.
« Les actions de Sea Shepherd sont super importantes » estime Le grand JD. Tous sont bénévoles et certains sont sur le bateau depuis plus d’un mois, sans faire de pause. « Il y a une espèce de fraternité entre eux, c'est incroyable, une famille… » décrit Le grand JD. Chaque jour, les bénévoles de Sea Shepherd mènent des actions de ce type.
« Il faudrait interdire certaines techniques de pêche, parce qu'on sait qu'elles ne sont pas sélectives. Je pense qu'on est à une époque où les gens ont envie de savoir d'où viennent les produits qu'ils consomment » déclare Thomas Le Coz, capitaine du Sam Simon, l’un des navires de Sea Shepherd. Le capitaine pense aussi que si les consommateurs savaient que la pêche de certains poissons cause la mort de dauphins, ils refuseraient de soutenir ces pratiques.
De plus en plus de dauphins meurent après leur capture dans un filet de pêche
L’organisme scientifique Pelagis, situé à La Rochelle, alerte sur le massacre des dauphins. L’observatoire Pelagis a récupéré de nombreux dauphins morts, présentant des coupes nettes, des abrasions, des hématomes… Signes d’une mort traumatique, très probablement causée par un filet de pêche et due à une capture accidentelle du cétacé. Signes aussi que le dauphin était vivant lorsqu’il s’est retrouvé dans ces filets.
Chaque année, de plus en plus d’animaux marins meurent après leur capture accidentelle dans des filets de pêche. En 2019, l’Observatoire Pelagis en a récupéré 1200, un nombre qui « peut être multiplié d'un facteur cinq » estime Willy Dabin, ingénieur biologiste à l’Observatoire Pelagis. « Les études démographiques démontrent qu'on pourrait perdre cette espèce dans le golfe de Gascogne à l'échelle de 50 ans » alerte Willy Dabin.
L’ingénieur biologiste de l’Observatoire Pelagis souhaiterait simplement travailler de manière transparente avec les pêcheurs « pour les aider à bien gérer leur milieu ». « Ils savent bien ce qu'il se passe à bord des bateaux. (…) Il faut arrêter d'être dans le déni et il faut travailler ensemble pour le bien de tous. Et qu'on y arrive, mais on n'est pas encore sur cette pente-là et c'est ce qui est un peu inquiétant à vrai dire » conclut Willy Dabin.