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Impact environnemental des usines Lactalis : l'enquête de Disclose

Disclose s'est penché sur les nombreux cas de rejets toxiques des usines Lactalis. Une enquête à retrouver sur Disclose.ngo et dès jeudi 22 octobre dans Envoyé spécial
Publié le
19
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10
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2020

L’impact environnemental des usines Lactalis


L’ONG et média d’investigation Disclose a enquêté sur les usines Lactalis. Les recherches visaient l’impact environnemental des usines du groupe laitier entre 2010 et 2020.


Le média Disclose a mené une enquête sur l’impact environnemental des usines Lactalis au cours des années 2010 à 2020. Les résultats sont sans appel : sur 60 usines Lactalis, 38 étaient soit polluantes, soit non conformes aux normes légales. Ces usines fabriquent du fromages, des yaourts et du lait de consommation. Ce sont des laiteries, elles ont donc besoin de grandes quantités d’eau et rejettent beaucoup de produits.


Déversement des produits dans l’eau


Pour nettoyer leurs cuves et nettoyer les tuyaux, les usines utilisent de nombreux produits chimiques. Parmi eux, des détergents, des produits potentiellement très toxiques pour l’environnement. Joël O’Baton, maire de Saint-Just-de-Claix, a montré les actions néfastes d’une usine Lactalis située dans sa commune : l’établissement reverse ses eaux usées dans l’Isère depuis des années.


« Ces dépôts blancs, ce ne sont pas des dépôts de lait. Il y a des produits de nettoyage, des produits alcalins et des produits acides. En gros, c’est la soude et les acides pour nettoyer le matériel », assure Joël O’Baton.


Les usines Lactalis sont classées ICPE (Installation classée pour la protection de l’environnement). Par ce statut, elles sont autorisées à déverser leurs eaux usées dans un milieu naturel. Elles ont pour seules conditions de les avoir dépolluées au préalable et de ne pas dépasser un certain seuil de substances chimiques.


Un système de surveillance fragile


En dépit des règles imposées par la législation, qui impliquent des contrôles réguliers, les usines ne sont pas contrôlées. Des inspecteurs des directions de l’environnement devraient pourtant réaliser ces examens. « On s’est aperçu que le système de surveillance des ICPE était basé principalement sur l’autocontrôle », rapporte la journaliste Marianne Kerfriden.


Les industriels se surveillent donc eux-mêmes, puis envoient leurs résultats aux directions générales. Les contrôles sont finalement peu nombreux. De plus, il y a seulement 1.380 inspecteurs pour 500.000 installations classées, soit un inspecteur pour 300 sites. Selon Disclose, les usines ne préviennent pas systématiquement les autorités lorsqu’elles dépassent les seuils autorisés.


Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, a réagi à l’enquête de Disclose. « Mon intérêt, ce n’est pas forcément de fermer un site, de mettre tout le monde au chômage et d’arrêter une production… Non. C’est d’ailleurs pour ça que, parfois, sur de petites non-conformités qui n’ont pas d’incidence notable sur l’environnement et qui ne sont pas des dangers, il peut y avoir des moments où on se dit : “Bon, là, ça peut passer parce que ce n’est pas grave.“ »


Pourtant, à long terme, les « petites non-conformités » pourraient avoir des conséquences graves sur l’environnement, notamment sur le milieu aquatique.