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La désobéissance fertile pour préserver le vivant

Créer de nouvelles sociétés qui respectent le vivant au lieu de le détruire, c'est l'objectif de la Désobéissance fertile. Et c'est le mode de vie qu'ont choisi Jonathan et Caroline pour élever leurs enfants. 🌿 Brut Nature les a rencontrés.
Publié le
08
/
06
/
2019

Bienvenue aux sources du Lavandou, avec notre famille, on a décidé de suivre de nouvelles lois : celles de la nature.


Ignorer les lois de l'immobilier pour élever leurs enfants dans une cabane en pleine nature, c'est le choix qu'ont fait Jonathan et Caroline.


– Là, c'est le potager, enfin l'un des potagers parce qu'il y en a plusieurs sur le terrain. On se nourrit aussi beaucoup de plantes sauvages: l'ortie, c'est quasiment notre aliment de base avec la noix et la pomme, qui sont des ressources locales qu'on a en abondance.
– L'ortie, on a souvent l'impression que c'est une mauvaise herbe alors qu'en fait, c'est notre meilleure amie. Alors moi, j'ai mis beaucoup de temps avant de le réaliser mais en réalité, même quand on marche, on fait une petite rando et tout, c'est une source de protéines énorme. Donc en fait, là, je l'ai pliée, de façon à retirer tous les petits poils, pour ensuite le manger directement dans la bouche. Mais on peut en faire plein de plats.
– Et aussi, on glane, on glane pas mal...
– Ouais, on fait de la récupération.
– Voilà, l'un dans l'autre, ça fait qu'on a une espèce d'autonomie alimentaire assez facile. Donc là, on arrive dans l'atelier. Ici, on apprend à faire plein de choses aussi et notamment avec les ressources du terrain donc de la vannerie, des cuillères, fabriquer nos chaises.
– Nous, on vient pas mal de la ville et c'est vrai qu'on a l'habitude de travailler avec nos cerveaux, beaucoup plus, et donc là, on veut essayer de faire redescendre un peu cette énergie vers les mains, vers cette autre intelligence et de faire. Voilà, je pense qu'on est dans "l'âge de faire".
– Et de faire ensemble, ça développe aussi une autre intelligence, c'est l'intelligence émotionnelle tout un travail intérieur et du coup, il y a aussi quand tu vis en collectif, quand tu vis dans la nature. La forêt, il y a quelque chose de vraiment introspectif et surtout de vivre avec les autres au quotidien, même avec les animaux quoi. Il y a une espèce d'humilité qui vient quand tu vis avec les sangliers, les chevreuils et les serpents. Donc voilà, on n'est plus les rois de la jungle et surtout, on n'est plus déconnectés de l'eau et du vivant et ce qui fait que ça engendre un respect croissant pour cette nature. ce mode de vie avec 6 autres personnes, dont François qui vit ici depuis 20 ans. Ça, c'est nos prochaines toilettes sèches en fait.
– Ces cabanes, on va les réaliser simplement avec des matériaux qu'on va trouver dans notre périmètre: va trouver dans notre périmètre : les pierres ont été transportées avec une brouette depuis un mur qui s'écroulait à 300 mètres, la terre, c'est de la terre qu'on a renflouée pour faire la rigole de la cabane, pour faire la plateforme entre les pierres, la paille, on l'a trouvée chez la voisine qui faisait des petites bottes de foin, les bambous pour brocher les bottes de paille, on les a trouvés dans la bambouseraie que j'ai plantée il y a à peu près 12-15 ans.
– Une cabane comme celle dans laquelle on vit, je pense que si on dit 1000 euros, un loyer parisien d'un petit appart, on est très large. Voilà, en gros, on se dit qu'on construit une cabane et puis, on peut y vivre tout le temps dedans. Ces cabanes sont construites sur des terrains classés "non-constructibles".


Aujourd'hui, Jonathan et Caroline ont comme objectif de former des personnes souhaitant emprunter leur mode de vie. L'idée, lancer un mouvement : "la désobéissance fertile". La désobéisance civile, elle est hyper intéressante parce qu'elle va chercher à pointer du doigt, à se mettre en désobéisance par rapport à ce qui se passe de mal dans les institutions en vue de corriger l'institution. Et nous, notre philosophie avec la désobéissance fertile, elle est de nous dire : on va faire un pas de côté parce que les institutions aujourd'hui, c'est clair que non seulement elles ne permettent pas de résoudre les problèmes elles qui cautionnent aussi mais pire encore, c'est peut-être toutes les destructions, les extractions au profit de l'accumulation de richesses justement. Souvent les personnes, lorsqu'elles vont habiter quelque part et qu'elles achètent, elles s'endettent parce qu'il faut avoir un terrain constructible, ça coûte 10 à 20 fois plus cher qu'un terrain non-constructible, il y a ça dejà. Ensuite de quoi, il faut demander des permis de construire, il faut se conformer à certaines normes, souvent très contraignantes et qui plus est qui sont très polluantes parce qu'aujourd'hui quasiment toute la construction traditionnelle, elle est faite en parpaings de béton donc de l'extraction de ressources qui, ensuite, font des déchets à n'en plus finir.
– Aujourd'hui, la loi, elle a permis à ce qu'on pollue la plupart de nos cours d'eau, de nos terres, de notre air, alors si la loi permet ça, oui, clairement, on va arrêter de suivre la loi et on va créer des formes de vie... Là, on vit dans des habitats qui sont quasiment biodégradables, à part les fenêtres.
– Qui sont compostables !
– Qui sont compostables, dans la nature qui s'intègrent totalement où on vit avec la nature. Alors, si la loi, elle ne permet pas ça...
– Nous, on veut que les gens, ils habitent dans la forêt, voilà. Aujourd'hui, on est en train de détruire la forêt. En France, maintenant, il n'y a plus que 16 % de forêts à peu près sauvages. Tout le reste, c'est des exploitations forestières où on bombarde de pesticides et nous, par exemple, rien que dans notre région, dans le Limousin, de ces forêts sauvages, on détruit 1 million de m² par an. Et nous, ce qu'on veut, c'est que les gens, ils vivent dans ces forêts-là, quelles que soient les lois : constructible, non-constructible... Nous, on veut qu'il y ait des gardiens pour la forêt, voilà. On ne veut plus qu'on la détruise.
Et donc c'est ça la désobéissance fertile : c'est vivre dans la forêt avec la forêt.