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Le confinement dans une ferme bio
Être confiné dans une ferme biologique et expérimentale, ça donne ça
Perrine, Charles et leurs filles nous présentent leur ferme en Normandie. Ils défendent une agriculture basée sur des méthodes ancestrales combinées à des techniques plus modernes.
Charles, Perrine et leurs filles – que Brut avaient rencontrés il y a un an – sont confinés dans leur ferme biologique et expérimentale au Bec-Hellouin. Depuis 2004, ces paysans défendent une agriculture basée sur des méthodes ancestrales combinées à des techniques plus modernes comme la permaculture.
« Si on veut rendre notre société toute entière résiliente, c’est l’effort d’une génération »
« En ce moment, notre ferme produit sans pétrole, sans intrants. Cette agriculture bio inspirée, cette éco-culture est vraiment un modèle d’agriculture résiliente. Si on veut sécuriser l’alimentation de l’humanité demain, il faut absolument changer de modèle agricole », estime Charles Hervé-Gruyer, cofondateur de la ferme du Bec Hellouin.
Cette famille fait ce qu’elle appelle de l’agriculture résiliente, une agriculture capable, selon elle, d’affronter différentes crises comme le changement climatique, les pénuries d’eau, de pétrole ou d’électricité. « Il faut 10, 15, 20 ans de travail intense, d’investissements, pour qu’une ferme conquière une véritable résilience. Et si on voulait rendre notre société toute entière résiliente, c’est l’effort d’une génération », développe Charles.
« Ce n’est pas qu’un projet baba cool »
L’agriculteur le reconnaît, il y a aussi une dimension poétique et esthétique dans cette éco-culture. « Mais ce n’est pas qu’un projet baba cool, tempère-t-il. C’est un projet ultra efficace en termes de productivité. Et on arrive à augmenter très rapidement la fertilité des sols tout en produisant bien plus que les formes de maraîchage qui font appel à des engins motorisés. »
Le cofondateur de la ferme du Bec Hellouin rappelle également que la démarche de sa famille n’est en rien un retour au passé. « C’est une démarche très ouverte, on s’inspire beaucoup de l’agriculture préindustrielle. On cherche aussi des solutions dans notre époque contemporaine. Tout ça pour imaginer le monde d’après, le monde de demain, une agriculture post-pétrole. On puise un peu le meilleur des traditions et le meilleur de la modernité. Mais toujours avec le regard fixé en avant », assure Charles.
« Cette terre, on l’a vraiment créée »
Cette famille de paysans a construit sa ferme de toute pièce. « C’était juste un pré, avec du très mauvais sol, caillouteux et impropre au maraîchage, se souvient Charles. Le maraîchage a besoin d’une terre très riche. Et cette terre, on l’a vraiment créée. Toute cette profondeur de sol, c'est le résultat d’apports de matières organiques, de paillage, de compost, répétés pendant 10, 12, 15 ans… »
Mais Charles le reconnaît, atteindre une résilience totale n’est pas possible seul. Pour cela, il faudrait que l’ensemble de la société adopte un modèle agricole similaire. « Quand les arbres mouraient à cause de la canicule de juillet, j’ai compris qu’on ne peut pas être résilients tout seuls. Si la ferme est un peu plus autonome et résiliente que son environnement, on tiendra quelques semaines de plus. Après, on sera laminés comme les autres en cas de crise. C’est ensemble qu’on doit penser la résilience. C’est une réflexion à l’échelle d’un continent. »