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Les insecticides tueurs d'abeilles réautorisés, un danger pour la biodiversité
Les néonicotinoïdes réautorisés
Quatre ans après avoir fait voter l’interdiction des néonicotinoïdes, Barbara Pompili amorce un rétropédalage.
Le gouvernement veut autoriser les néonicotinoïdes en 2021, notamment pour lutter contre la jaunisse, un virus transmis par les pucerons qui détruit actuellement les cultures de betteraves.
« On a pris une décision très restrictive : on ne parle que des betteraves, on ne parle d'une dérogation que si on a un hiver doux. Si l'hiver n'est pas doux, il n'y aura pas de néonicotinoïdes sur les betteraves. On parle de limitation dans le temps, c'est-à-dire que ce sera pour une fois, ou renouvelable deux fois », explique Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique.
La culture de la betterave représente 46.000 emplois en France
« Le puceron est très présent dans beaucoup de cultures et à peu près tous les ans. Mais en général, les populations restent modestes notamment grâce au gel l’hiver. Cette année, sans doute à cause du réchauffement climatique, on n’a pas eu d’hiver, donc pas de régulation des populations de pucerons. On a eu des populations de pucerons sur toutes les cultures : céréales, colza, et c’est sur betteraves que c’est le plus spectaculaire et qu’il y aura le plus de perte de rendements », indique Pascal Vérrièle, agriculteur.
La culture de la betterave représente 46.000 emplois. La France est le premier producteur européen de sucre. « La betterave, c’est l’un des fleurons de notre économie et, surtout, c’est grâce à cette betterave qu’on produit du sucre. La France a pris des lois nationales en 2016. Nos partenaires, y compris européens, n’ont pas forcément les mêmes contraintes », déclarait Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, le 31 juillet dernier.
Les néonicotinoïdes sont un danger pour la biodiversité
Pollution des sols, pollution des eaux, menace pour les abeilles… Les néonicotinoïdes sont aussi un danger pour la biodiversité. « Ils n’auraient jamais dû être homologués du tout, dès le départ, dès les années 1990. C’est l’ensemble de la plante qui va être baignée dans l’insecticide pendant toute sa vie. Tous les insectes qui vont passer par là, qui vont venir butiner et piquer, vont se retrouver tués. Ou très affaiblis si la dose est insuffisante, mais ça suffit pour faire péricliter les colonies d’abeilles », s’insurge François Veillerette, directeur de Générations futures.
Quelques jours après les annonces du gouvernement, les producteurs de maïs ont aussi demandé des dérogations. L’interdiction des néonicotinoïdes avait été votée dans le cadre de la loi sur la biodiversité en 2016. Barbara Pompili était déjà au gouvernement. « Ce que je veux, c’est que cette loi, à la fin, porte cette interdiction pour qu’elle soit appliquée. Ce que je redoute le plus, parce que je connais trop ces sujets-là, c’est de prendre des décisions qui seraient très jolies sur le papier mais qui ne seraient pas applicables », déclarait-elle en juin 2016.