Méga-bassines agricoles : pour ou contre ?

Les méga-bassines sont-elles une aberration écologique ou une bonne idée face aux sécheresses ? On a posé les mêmes questions à un maraîcher bio et à un éleveur de vaches laitières. L'un est contre, l'autre est pour. Voici leurs arguments.
Publié le
22/7/2024
Contenu en partenariat avec une marque

Le point de vue d'un maraîcher bio opposé aux méga-bassines


Olivier Drouineau, maraîcher bio à Prin-Deyrançon, explique son opposition aux réserves d'eau agricoles : "Je suis contre les réserves, c'est que pour quelques agriculteurs, surtout des céréaliers qui vont arroser du maïs sur les plaines, qui demandent beaucoup d'eau." Il remet en question le fait que "5-6 agriculteurs auraient le droit de se garder cette eau-là" et dénonce les subventions étatiques à 70% pour ces projets, mentionnant que "c'est toi, moi et tous les citoyens" qui payons.

Sainte-Soline: en immersion dans les affrontements


Olivier Drouineau craint que les méga-bassines n'assèchent les nappes phréatiques dont dépendent les maraîchers : "Ce dont on a peur, c'est qu'ils l'assèchent, car leur système fait qu'ils pompent de l'eau dans les réserves de novembre jusqu'à mars et que nous, après, on prend quand même l'eau de mars jusqu'à septembre." Il s'interroge sur l'accès futur à l'eau pour les maraîchers. De plus, il rejette les subventions étatiques, disant "on ne peut pas, nous, se permettre de payer ces factures-là" et préfère une agriculture autonome sans impact sur les citoyens.


La vision d'un éleveur laitier raccordé à une méga-bassine


David Paillat, agriculteur-éleveur de vaches laitières raccordé à une réserve de substitution, défend l'utilité de ces infrastructures pour son exploitation : "Pour nourrir ce troupeau, il nous faut à peu près 120 hectares sur les 420 que compte l'exploitation. Nos vaches sont alimentées avec des fourrages produits sur l'exploitation comme la luzerne ou l'ensilage de maïs, des plantes qui poussent plutôt en été quand la ressource en eau est la plus faible. On utilise donc l'irrigation."

Nouveau bilan après les graves affrontements à Sainte-Soline


David Paillat souligne les efforts déployés depuis 20 ans pour une meilleure gestion de l'eau : réduction des surfaces en maïs, diversification des cultures, mise en place du goutte-à-goutte permettant 30% d'économies d'eau depuis 2019. Selon lui, "la création de réserve n'est qu'un élément de tout ce travail qu'on a fait", visant l'autonomie fourragère et la sécurisation de la filière laitière locale. Il justifie les subventions en arguant que "le retour, c'est la souveraineté alimentaire, on ne fait pas ça juste pour s'en mettre plein les poches. C'était pour soutenir l'agriculture du territoire."


Deux visions qui s'opposent mais un dialogue nécessaire


Si les points de vue d'Olivier Drouineau et David Paillat divergent, tous deux reconnaissent l'importance du dialogue. Olivier Drouineau admet "on peut avoir des vues différentes" tandis que David Paillat conclut "je suis content qu'on ait fait connaissance. Après, ça m'a embêté qu'on se voie pour la première fois parce qu'en fait, c'est que ça fait longtemps qu'on dit : 'Faut qu'on descende les voir, quand même !'"

Sainte-Soline : "des milliers de gens étaient simplement venus pour faire la guerre", déclare Emmanuel Macron


Le sujet des méga-bassines cristallise les tensions entre différents modèles agricoles, mais le débat reste ouvert. Un équilibre doit être trouvé entre les besoins en eau de l'agriculture productive et la préservation des ressources pour toutes les activités, dans un contexte de changement climatique.