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24h dans une base scientifique en Antarctique
Vis ma vie dans une base scientifique en Antarctique
Pour un projet de recherche en climatologie, Jacob Karhu a passé plus d'un mois en Antarctique. Voici son quotidien.
Pour un projet de recherche en climatologie, Jacob Karhu, doctorant en climatologie au laboratoire des Sciences du climat et de l'environnement, a passé plus d'un mois dans la station Concordia, sur le plateau antarctique. « On était à 3.223 mètres d'altitude. En-dessous, ce n’était que de la glace, et on était éloignés à plus de 1.000 kilomètres des côtes », indique le chercheur. Pour Brut, il raconte le mois qu’il a passé sur la base.
« J'ai déjà eu des ressentis à -60°C »
À 7h30, Jacob se lève. Sur la base, il admet dormir assez mal. « Je me réveillais toutes les heures. Il y a le décalage horaire, il y a aussi le fait qu'il fasse jour tout le temps, c'est assez perturbant », se souvient le climatologue. Une demi-heure plus tard, Jakob se rend à sa réunion technique. Chaque matin, on y annonce le programme de la journée pour les 60 personnes sur la base. « On était moitié-moitié français/italiens, parce que c'est une base franco-italienne. Moitié-moitié scientifiques/techniciens, pour l'entretien de la station. »
8h30, Jacob s’habille pour sortir. Et la tâche est loin d’être aisée. « Il fallait mettre toutes les couches de vêtements. J'avais une paire de sous-gants, des gants chauffants et des mitaines. Ce qui m'a un peu choqué, c'est la vitesse à laquelle on a froid », se remémore Jacob. Car en Antarctique, dès qu'il y a du vent, le ressenti baisse. « J'ai déjà eu des ressentis à -60°C et ça ne pardonne pas. Il ne faut jamais avoir un petit bout de peau qui dépasse, sinon il gèle instantanément. »
Une glace qui date parfois de 800.000 ans
L'Antarctique est un continent complètement isolé au pôle Sud, avec une glace exceptionnellement pure, qui date parfois de 800.000 ans. « Tous les jours, j'allais dans une cave enterrée à 6 mètres sous la neige pour récupérer des morceaux de glaces. Je les remontais à la surface pour pouvoir les découper avec une scie circulaire dans une chambre froide », détaille Jacob.
Les données récoltées sur la base, comme la composition des gaz ou la température, servent à alimenter des modèles de climat. « Les scientifiques font tourner la machine et voient ce que ça peut produire. Et s'ils font pareil sur ce qu'il se passe actuellement avec le réchauffement climatique dû à l’humain, ils peuvent aussi prévoir ou modéliser ce qui pourrait se passer, avec davantage de probabilités », explique Jacob.
Une vie en communauté
Le midi, l’équipe se retrouve pour le déjeuner. La pause dure une heure et demie. L’après-midi, divers projets sont menés à destination de recherches dans plusieurs domaines : météorologie, glaciologie, astronomie, médecine…
À 19h30, tout le monde se retrouve de nouveau le dîner. « Généralement, après, c’était assez tranquille. On allait lire des BD, discuter, faire des parties de baby-foot, bref, on passait le temps tranquillement. Une fois par mois, on faisait une petite soirée pour se détendre », se rappelle Jacob.
« Un jour, cet endroit s'arrêtera complètement d'exister »
Vers minuit, il est temps d'aller dormir pour les chercheurs. Problème : il fait encore jour. La seule solution, c'est de fermer les volets. Le lendemain, tout recommence. « J'ai eu une chance inouïe de pouvoir accéder à ce grand continent blanc, désert. Je pense que je n’y retournerai plus jamais, donc je me sens vraiment privilégié », se réjouit Jacob.
Mais l’avenir de cette zone polaire est sombre, estime le climatologue. « Je ne sais pas si d'autres générations pourront y accéder. Dans la mesure où on est en train de polluer et de rejeter du CO2 dans l'atmosphère, un jour, elle s'arrêtera complètement d'exister. »