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Confinement : la nature reprend-elle vraiment ses droits ?

La nature qui reprend ses droits pendant le confinement : c'est vrai ou pas ? La réalité est plus complexe que ça…
Publié le
04
/
04
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2020

Confinement : la nature reprend-elle vraiment ses droits ?


Malgré les exemples qui semblent se multiplier depuis la mise en place des mesures de confinement à travers le monde, la réalité est plus complexe. Explications.


« Oui, le confinement ça a des effets bénéfiques » pour la biodiversité, affirme Louis Sallé, responsable du Projet Migration à la Ligue de Protection des Oiseaux. Mais il tient à tempérer : « Le principal problème, c'est que "retour de la biodiversité" égal re-colonisation pérenne du milieu urbain par des espèces qui en ont disparu depuis très longtemps, donc c'est un processus qui ne va pas se jouer en quelques semaines. »


Plusieurs phénomènes sont à distinguer.


Des animaux sauvages dans les villes


Un puma a été aperçu à Santiago, au Chili, des cerfs à Nara, au Japon, ou un sanglier à Barcelone, en Espagne. « La présence d'activités humaines est interprétée par les animaux comme négative, dangereuse, mais dès qu'il y a un changement dans le "paysage de la peur" ou dans les menaces pouvant exister dans un lieu donné, les animaux mettent à jour leur carte des menaces. La plupart des mammifères savent s'adapter très rapidement à ces changements », analyse pour Euronews Jean-Michel Gaillard, directeur de recherche au CNRS.


La présence humaine réduite est bien ce qui amène ces animaux à s'aventurer dans les villes. Toutefois, il ne s'agit pas de changements à long terme. « Dès que nous reviendrons à la normale, il est certain que nous retournerons très, très rapidement à la situation que nous connaissions avant », assure Jean-Michel Gaillard.


Une biodiversité plus remarquée


La baisse du trafic routier et aérien a provoqué une diminution de la pollution sonore. À Paris, le niveau sonore a diminué de 90 % sur certains axes routiers. « Les changements qu'on observe, pour l'instant, ils sont surtout au niveau de notre perception des oiseaux, à la fois parce que les gens passent beaucoup plus de temps à faire de l'ornithologie urbaine puisqu'ils sont confinés et aussi parce qu'on entend beaucoup mieux et donc on a une bien meilleure capacité de détection des oiseaux par rapport à d'habitude », se réjouit Louis Sallé.


Il poursuit : « On sait que les oiseaux adaptent la fréquence, la puissance, les plages horaires de leurs chants, de leurs vocalisations, pour éviter d'entrer en compétition avec les bruits produits par les agglomérations, les avions, la circulation. Et donc on peut imaginer qu'avec cette réduction du trafic routier et aérien, on ait un retour progressif à des normes qui ressemblent plus à ce qu'on trouve dans les campagnes. »


À Venise par ailleurs, les bateaux de croisière et les embarcations qui troublaient l'eau en remuant la vase ont disparu. Il est aujourd'hui possible d'observer les bancs de poissons dans les canaux.


Quelques effets positifs du confinement


La période de reproduction de différentes espèces animales a lieu entre avril et juillet. Le confinement pourrait favoriser ce cycle de reproduction. De plus, la baisse de la pollution atmosphérique, sonore et lumineuse pourrait réduire le stress et faciliter les migrations chez les animaux. Cependant, des scientifiques alertent sur les causes plus profondes du déclin de la biodiversité.


C’est le cas d’Hélène Soubelet, directrice de la fondation pour la recherche sur la biodiversité : « L'effondrement actuel de la vie sauvage ne se résume pas à des baisses de population, c'est aussi une baisse de la diversité génétique des espèces sauvages. »