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Interview Vincent Callebaut : des villes en symbiose avec les océans
Des villes en symbiose avec les océans
L’architecte-designer Vincent Callebaut imagine les villes de demain. Son idée : investir les océans.
« Aujourd'hui, nous vivons sur une petite planète bleue recouverte à 71 % d'océans. Et pourtant, nous sommes des Terriens. Est-ce qu'un jour nous pourrions devenir des Mériens, des habitants de la mer et des océans ? » s’interroge Vincent Callebaut. Cet architecte-designer imagine les villes de demain. Son idée : investir les océans.
« Pourrions-nous re-régler le climat, vivre en symbiose avec la nature en passant de l'économie linéaire – qui produit, qui consomme, qui jette et qui génère de la dette – à une économie circulaire, qui fait en sorte que tout ce qui est produit et consommé soit recyclé en boucle vertueuse ? », poursuit l’architecte.
« Une tour inversée, qui, au lieu d'aller gratter le ciel, va gratter le fond des océans »
C’est ce qu’il espère. Les villes qu’il imagine sont directement inspirées de l'analyse du vivant. Il s’est ainsi spécialisé dans le biomimétisme. Il explique : « Je m’inspire des formes, des structures, de l'intelligence des matériaux et de toutes les boucles de rétroaction qui existent dans les écosystèmes matures. Nos projets sont de véritables écosystèmes habités. » Il prend l’exemple du projet Aequorea, inspiré d'une méduse bioluminescente. « C’est un ‘’oceanscrapper’’, à l'inverse d'un ‘’skyscrapper’’. C'est une tour inversée, qui, au lieu d'aller gratter le ciel, va gratter le fond des océans. »
On entrerait dans cette tour inversée par une grande marina qui viendrait accueillir des champs dédiés à la permaculture pour nourrir les habitants. « Vous pourriez enfiler un masque à branchies, qui viendrait casser les particules de CO2 et d'oxygène pour en extraire toutes les particules nécessaires pour votre respiration. Vous pourriez vivre dans une ville amphibienne, qui se développe aussi bien au-dessus qu’en-dessous du niveau de l'eau. Cette ville construite en algoplaste serait destinée à être calcifiée. C'est-à-dire à construire un exosquelette, exactement comme le font tous les coquillages qui se trouvent dans les océans. »
« Exploiter tous les champs encore méconnus pour l'urbanisation du futur »
C'est une ville qui serait en totale symbiose avec votre environnement, où l'être humain vivrait dans des espaces intérieurs biophiliques, développe Vincent Callebaut. Son jardin serait constitué par les baleines, les orques et tous les poissons en liberté autour de la ville. « Le but, en 2050, quand nous serons 9 milliards d'habitants sur Terre, avant d'atteindre les 12 milliards annoncés pour 2100, c'est d'exploiter tous les champs encore méconnus pour l'urbanisation du futur. »
Vincent Callebaut appelle ces projets des « utopies concrètes ». « Des projets fous, des projets de rêve, mais qu'on peut réaliser à partir des technologies existantes, à partir de l'innovation sociale souhaitée par les citoyens. Ce sont des projets que j'espère construire dans les 10 prochaines années. »