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Un jour avec le street artist Otist

"Moi, mes peintures, il faut qu'il y ait un message engagé dedans, sinon je n'en ressens pas l'interêt." Électricien pour certains, street artist pour des milliers d'autres. Lui, c'est Otist et on a passé la journée avec lui à Grenoble où, cette fois, c'est légalement qu'il va peindre au pochoir comme une de ses idoles : Banksy.
Publié le
19
/
10
/
2023

J'ai choisi le nom de Otist, parce que ce qu'on dit souvent des autistes, c'est qu'ils sont dans leur monde et moi, le monde dans lequel je vis, il me plaît pas, il y a beaucoup trop d'inégalités. Et du coup, j'aime bien dire : "Venez dans mon monde"”. Otist est un street artist français. Comme Banksy, il utilise les pochoirs pour réaliser ses œuvres. “Je peins souvent la nature, les animaux, l'environnement, tout ce qui est réseaux sociaux, tout ce qui touche les nouvelles générations et un petit peu de politique, sans prendre parti, parce que j'ai aucun bord politique.” L’une de ses œuvres  parle par exemple de Monsanto, “dont le produit phare est le Roundup, c'est du désherbant. Au lieu de changer leurs produits, eux, ils préfèrent fabriquer des abeilles génétiquement modifiées. Et voilà, c'est ce que je décris dans cette peinture. Je trouve ça dommage de prendre le problème à l'envers”.

Un jour avec le street artiste Marko93


“La peinture, pour moi, c'est mon arme, mon arme de combat”


J'essaie toujours de faire un message assez simple, compréhensible par tous, qui ne soit pas forcément agressif à l'œil, par contre, quand on voit le second sens de la peinture, on comprend qu'il y a quand même un message. Je suis habitué à poser mes peintures en mode vandale, sans forcément des autorisations. Quand on est dans le milieu de l'art engagé, c'est toujours un peu compliqué de faire valider ses peintures par les mairies, par les élus” explique Otist. Aujourd’hui, c’est avec une autorisation de la ville qu’il réalise une œuvre représentant un hérisson sur les murs d’une école dans la banlieue grenobloise, à Pont-de-Claix. L’artiste a souhaité mettre la lumière sur l’extinction progressive de cette espèce animale. “Il y a beaucoup de personnes qui vont se dire : "Mais le hérisson, il est en voie de disparition ?" Ils vont se questionner, justement, parce que c'est un animal que l'on a tous connu quand on était jeune, que, moi, je vois de moins en moins. Je ne me souviens pas de la dernière fois que j'en ai vu un, d'ailleurs.” Pour créer ses œuvres, il commence par les dessiner sur une tablette graphique. 

Le street-art pour alerter sur l’extinction animale


Avec sa peinture, l’artiste veut réveiller les consciences. “Ce que j'aime surtout, c'est de voir des gens qui s'arrêtent devant la peinture, que ça soit pour critiquer ou pour aimer... L'échange, la discussion… Les gens s'enferment dans leurs réseaux sociaux, leurs téléphones, leurs télés. On est de plus en plus en train de s'écarter les uns des autres. La peinture, ça m'est déjà arrivé de voir des papis-mamies s'arrêter, discuter, ça peut aussi toucher des enfants” déclare Otist. Avec ce hérisson, le street artiste espère que les enfants s’interrogeront. “Il y a une école à côté, les enfants qui sortent, ils vont voir le hérisson, j'espère qu'ils vont questionner leurs parents. Et puis les parents vont leur expliquer le problème qu'il se passe à l'heure actuelle avec les hérissons. Peut-être que certains ne seront pas au courant, du coup, ils vont se questionner en voyant ce panneau "Confirmation de la suppression, voulez-vous vraiment le supprimer ?" Le message indique qu'il est presque dans la corbeille, donc après, il suffit de se renseigner un petit peu sur les réseaux, sur Internet et ils vont vite voir de nombreux articles et ce qu'il faut faire pour essayer de sauver l'espèce”.

Du graffiti en braille


En France, certains le surnomment le Banksy français. C’est d’ailleurs en découvrant le travail du street-art britannique qu’Otist a souhaité commencer à poser ses œuvres. “Au début, j'ai travaillé un peu à la bombe, à la main. Suite à un voyage en Angleterre où j'ai découvert des peintures de Banksy, j'ai fait une journée chasse des peintures de Banksy. Et en fait, je me suis dit "je suis capable de faire ça", ça m'a plu. Quand je suis rentré en France, je me suis renseigné un peu sur la technique et depuis, je ne fais plus que ça”. S’il apprécie le surnom de Banksy français, Otist tient à rappeler l’oeuvre majeure réalisée par le street artiste britannique. “J'ai du mal à me comparer à Monsieur Banksy, qui a commencé dans les années 1990, qui est connu dans le monde entier. Mais c'est toujours plaisant. Aujourd'hui, c'est ma passion de faire ça” déclare Otist, qui travaille par ailleurs en tant qu’électricien. 

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