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Ex-chanteuse metal, Marina Viotti est devenue chanteuse d'opéra

"Dans l'opéra, à 25 ans, tu es censée être sur scène. Moi je commençais mon premier cours de chant." Ex-chanteuse metal, Marina Viotti est passée aux livrets de Mozart, Rossini et Haendel en devenant chanteuse lyrique. Et pour elle, il faut décloisonner la musique. Brut l'a rencontrée à l'opéra, en pleine répétition de "Roméo et Juliette".
Publié le
26
/
06
/
2023

Du metal à l’opéra

“Artistiquement, j'ai fait beaucoup de choses avant d'être chanteuse d'opéra.” Avant d’être l’interprète de Stephano dans Roméo et Juliette, Marina Viotti, mezzo-soprano, était chanteuse dans un groupe de metal. Elle en profite pour déconstruire les préjugés autour de ce style musical. “On pense toujours que pour faire du metal, il suffit de savoir crier, mais essayez de crier pendant 2 heures sur scène, ça ne marchera pas. Donc il y a plusieurs techniques de cris, on appelle ça des “growls”. Donc moi, j'ai choisi la technique qui inhale le son donc qui fait "wouah””, explique-t-elle. 

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Ce sens de la musicalité lui vient avant tout de son père qui était chef d’orchestre. “Je suis née dedans, donc la musique classique a toujours fait partie de ma vie. Je m'en suis éloignée à la mort de mon père pour faire du metal. Après, je suis revenue à l'opéra parce que c'était toute ma vie depuis toujours et je n'ai pas pu vraiment faire autrement, ça m'a rappelée”. 


Elle prend son premier cours à 25 ans, un âge pour elle tardif puisque c’est à cet âge que les chanteurs montent sur scène. “Heureusement que finalement, par imitation, j'avais copié un peu ce que j'avais toujours entendu petite et donc j'avais imité une voix lyrique donc j'avais déjà une voix lyrique. Donc il y avait tout ça de moins à apprendre. Ce qui m'a permis de switcher assez rapidement avec l'opéra et assez facilement. Ça a été beaucoup de travail, beaucoup d'acharnement. C'était un gros pari. J'ai tout quitté, mon pays, mon groupe, mes études. C'était un pari assez fou... Et mon look aussi, j'ai dû le quitter. Du coup, d'être là où je suis aujourd'hui, c'est assez cool. C'est aussi un message à tout le monde, du fait que c'est possible de changer de vie et d'avoir des rêves et de les réaliser. Mais ça demande pas mal de travail et un côté un peu fou aussi de croire en ça... Et contre vents et marées, j'ai envie de dire”. 

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“Mon but, c’est de dépoussiérer et d’ouvrir la musique classique à tous ”

Pour elle, “l’hybridation de la musique” est “essentielle aujourd'hui” alors qu’elle a longtemps été un “tabou”. “Quand on est un chanteur d'opéra, on n'a rien le droit de chanter d'autre. Personne n'oserait chanter de l'opéra quand ils n'ont pas fait des études lyriques. Je trouve ça débile parce que si on regarde Pavarotti à l'époque, il chantait avec U2. Il n'y avait vraiment aucune barrière entre les styles de musique, les genres, et au contraire, je trouve que c'est tellement enrichissant. Et pourquoi, en fait, on cloisonnerait comme ça? Je pense que c'est notre société qui aime bien mettre des boîtes, des cloisons... Et moi, c'est vraiment mon but, c'est de dépoussiérer, de décloisonner, d'ouvrir la musique classique à tous et de casser un peu ces espèces de barrières mentales. Parce que les gens pensent: ‘Ah, c'est vieux, c'est poussiéreux, ce n'est pas pour moi, c'est trop cher, c'est pour les élites.’ Mais non. Le cinéma, c'est la même chose, on va voir un film, on n'a pas besoin de tout connaître du cinéma, on va aimer ou pas aimer le film. Pour moi, l'opéra, c'est exactement la même chose”, ajoute Marina Viotti. 

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