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Fabrice Amedeo raconte son naufrage sur la Route du Rhum
“J’ai une deuxième vie qui démarre”
“Il y aura un avant et un après dans ma vie.” Lundi 14 novembre, soit quelques jours après son départ de Saint-Malo le 9 novembre, le bateau de Fabrice Amedeo prend feu. Il était en pleine compétition de la Route du Rhum. “J’ai commencé à voir le cockpit, donc le fond du bateau, se gondoler. Donc là, j’ai vraiment compris qu’il y avait un incendie. Et à ce moment-là, il y a une espèce de geyser de flammes qui sort de la cabine. Ça fait comme un appel d’air et je me retrouve au milieu des flammes à l’arrière de mon bateau. En fait, quand je suis au milieu des flammes, je ne réfléchis pas un instant.”
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“Si tu veux survivre, tu as trente secondes pour trouver le couteau”
Il décide alors de quitter le bateau en pleine mer. “Je pousse le radeau de survie et j’enjambe les filières, donc l’espèce de balcon à l’arrière du bateau, et je saute à l’eau.” Mais il y a un problème: le radeau de survie est relié au bateau par un cordage. “Normalement, le cordage, dans ces cas-là, est censé rompre. Et là, il n'a pas rompu. Je suis accroché à un bateau qui est en train de brûler avec des vagues qui me repoussent vers lui. C’est une situation vraiment critique. Je pense que c’est le pire moment de mon naufrage. Et là, je me suis dit, je m’en rappelle très, très précisément, je me suis dit : ‘Mec, si tu veux survivre, tu as trente secondes pour trouver le couteau.’ Je cherche à la hâte le couteau, que je finis par trouver, je romps le cordage”, explique Fabrice Amedeo.
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Au bout de 2h30 au milieu des eaux, il aperçoit un cargo au loin, et appelle à l’aide. L’équipage vient alors le récupérer. “Quand j’arrive sur l’espèce d’escalier, il y a un membre d’équipage qui m’attend parce qu’ils tiraient le radeau de survie jusqu’au cargo, et donc là, je tombe nez à nez avec lui, je crois que c’était un Indonésien, il avait son casque, son bleu de travail, son gilet de sauvetage. (...) J’arrive et je lui tends le bras, le poing pour faire un check et là, je me rappelle très bien, il me regarde et il me tend les bras comme ça, il me prend dans ses bras.”
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“Je prends conscience de ce que je viens de traverser”
“Et puis quelques secondes plus tard, en fait, j’ai les jambes qui se mettent à trembler, je me rends compte que je suis hyper essoufflé, alors que je n’ai pas réalisé d’effort physique particulier, et là, je leur demande de s’écarter, j’ai les jambes qui flageolent un peu… Voilà, j’arrive pas à respirer, du coup ils m’assoient sur un fauteuil, ils me servent un thé, et je pense qu’à ce moment-là, il y a l’adrénaline qui redescend et je prends conscience de ce que je viens de traverser”, continue le skippeur.
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De retour sur la terre ferme, à son départ du bateau, un des membres de l’équipage lui dit: “Ayez une belle seconde vie, monsieur.” “Ça m’a ému sur le coup”, raconte Fabrice Amedeo. “Et depuis, j’arrête pas d’y penser en me disant : bah ouais, en fait, j’ai une deuxième vie qui démarre. La vie m’offre une nouvelle chance. J’ai la chance de rebondir, la chance d’être plus fort encore, parce que j’ai surmonté quelque chose d’épouvantable. Et donc je suis vraiment dans cet état d’esprit non pas du rescapé, mais plus de quelqu’un à qui on donne une deuxième chance et qui va la saisir à bras-le-corps.”
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