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Agression d'Yvan Colonna : des manifestations ont lieu en Corse
Yvan Colonna, un “symbole de la mouvance politique nationaliste”
Le 2 mars, Yvan Colonna, condamné à perpétuité pour l'assassinat du préfet de Corse, Claude Érignac en 1998, a été violemment agressé par un codétenu de la prison d’Arles.
“Yvan Colonna est ce soir dans un état désespéré, un état de mort cérébrale, d'après les médecins” a déclaré le soir même Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse.
Dans la foulée, des manifestations de soutien au militant indépendantiste, Yvan Colonna, ont eu lieu cette semaine dans plusieurs villes de l'île.
Gilles Simeoni a déclaré à propos des rassemblements : “Je pense que c’est aussi bien chez les jeunes que chez les Corses en général, un sentiment à la fois de tristesse, d’incompréhension, et de colère parce que, si Yvan Colonna s’était vu appliquer son droit au rapprochement tel qu’il est prévu par la législation française, bien évidemment, par définition, ces faits n’auraient pas eu lieu.”
Retrouvez l’hommage émouvant de Dominique Érignac à son mari, le préfet de Corse Claude Érignac, assassiné en 1998.
Une dénonciation “d’une certaine injustice”
De nombreux lycéens s’engagent également dans les rassemblements et bloquent leurs lycées. C’est le cas de Gabriel, lycéen à Bastia : “Le blocage des lycées permet avant tout de la sensibilisation quant à la cause, et après, on participe à la mouvance de l’”Isula morta”, du fait qu’en réponse à ces événements, la Corse cesse de fonctionner.
Yvan Colonna est un prisonnier au contexte particulier, c’est un peu un symbole de la mouvance politique nationaliste qui est extrêmement présente sur l’île. La certaine injustice qu’on dénonce, c’est une atteinte à notre histoire. Et cette histoire, c’est aussi la nôtre.”
Né en 1975, voici en vidéo l’histoire du nationalisme en Corse.
Le 8 mars, “pour des raisons humaines”, le Premier ministre Jean Castex a levé le statut de “détenu particulièrement signalé” d’Yvan Colonna. Ce statut empêchait son rapatriement vers une prison corse, réclamé par Colonna depuis de nombreuses années.
“Une mesure qui était tellement tardive et tellement décalée par rapport à ce que tout le monde vivait qu’elle est apparue comme une mesure déplacée et pratiquement obscène” explique Gilles Simeoni.
Des scènes “de quasi émeutes” à Bastia, Ajaccio et Calvi
Le 9 mars, des affrontements opposent les manifestants aux forces de l'ordre à Bastia, Ajaccio et Calvi. Plusieurs centaines de personnes sont descendues dans les rues. “On a assisté à des scènes de quasi émeutes urbaines” précise Nicolas Septe, procureur de la République d’Ajaccio.
Des heurts et des violences ont éclaté. On dénombre au moins 40 blessés. Des cocktails molotov ont été tirés sur la préfecture à Bastia et Calvi. A Ajaccio, des manifestants se seraient introduits dans le Palais de justice.
Gilles Simeoni : “Aujourd’hui, la revendication nationaliste, l’aspiration du peuple corse à être reconnu et écouté est exprimée très majoritairement dans les urnes et un des éléments structurants de la situation de tension aujourd’hui, c’est que l’État s’est totalement refusé, jusqu’à aujourd’hui, à prendre en compte le suffrage universel et nos aspirations.
Notre devoir et notre responsabilité d’élus, de nationalistes mais aussi de parents ou de grands-parents pour les plus anciens, c’est bien sûr de penser avant tout à préserver cette jeunesse. Et c’est pour ça que nous sommes des artisans fervents de la paix, mais comme je l’ai dit, y compris au Premier Ministre, la paix se construit sur la justice et la démocratie que nous voulons.”
Première région d’Europe en nombre de règlements de comptes, l'île est frappée par la violence de la mafia. Retrouvez notre vidéo sur la Corse face à la mafia.
Recréer un dialogue entre l’État et la Corse
Pour le lycéen de Bastia, “effectivement, nous sommes contents que la jeunesse se mobilise massivement, mais on ne peut que déplorer cet usage de la violence. C’est la rupture du dialogue. Or, ce que nous voulons, c’est recréer un dialogue entre l’État et la Corse pour pouvoir aboutir à une solution politique.”
Le vendredi 11 mars, Jean Castex a levé le statut de “détenu particulièrement signalé” des deux autres membres du commando Érignac, Alain Ferrandi et Pierre Alessandri. Ils sont actuellement détenus à la prison de Poissy.
Pour Gabriel, “le vrai problème dans leur éloignement, c’est que les familles qui sont innocentes et qui n’ont rien fait, elles sont victimes de l’insularité et ne peuvent pas voir souvent leurs proches. Nous revendiquons de nouvelles choses, en premier lieu le rapatriement de ces prisonniers en Corse.
Nous ne nous adressons pas qu’aux Corses mais à l’ensemble de l’opinion française, parce que nous savons que dans ce genre d’affaire, c’est l’opinion qui juge et c’est l’émotion qui tranche. On veut véhiculer une bonne image de la Corse, une Corse prête au dialogue.”
La Corse a été rattachée à la France en 1768, après avoir été italienne. C'est Gênes qui a cédé la souveraineté de l'île à la France.