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Le 9 octobre 1981, la France abolissait la peine de mort
Le 9 octobre 1981, la France abolissait la peine de mort
Brut vous propose la retranscription du plaidoyer historique de Robert Badinter contre la peine capitale, prononcé le 17 septembre 1981 à l’Assemblée nationale.
Ceux qui croient à la valeur dissuasive de la peine de mort. Ceux-là, méconnaissent la vérité humaine. La passion criminelle, la passion criminelle, n'est pas plus arrêtée par la peur de la mort que d'autres passions ne le sont qui, celles-là, sont nobles. La peur de la mort n'a jamais arrêté d'autres passions.
« On invente l'idée que la peur de la mort retient l'Homme dans ses passions extrêmes »
Et si la peur de la mort arrêtait les hommes, vous n'auriez pas, à la minute où nous sommes, ni grands soldats, ni grands sportifs. Nous les admirons, mais ils n'hésitent pas devant la mort. D'autres, emportés, n'hésitent pas non plus. Seule pour la peine de mort, on invente l'idée que la peur de la mort retient l'Homme dans ses passions extrêmes. Ce n'est pas exact.
Et puisque vous avez prononcé tout à l'heure, le nom de deux condamnés à mort et de deux exécutés, je vous dirai pourquoi, est-ce que plus qu'aucun autre, je sais qu'il n'y a pas dans la peine de mort de valeur dissuasive : sachez bien que, dans la foule qui, à Troyes, criait au passage de Buffet et de Bontems, autour du palais de Justice : « À mort Buffet ! À mort Bontems ! » se trouvait un jeune homme qui s'appelait Patrick Henry.
Croyez-moi, à ma stupéfaction, quand je l'ai appris, j'ai compris, ce que ce jour-là, pouvait signifier, la valeur dissuasive de la peine de mort !