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Maintien de l'ordre : ce qui a changé depuis les gilets jaunes

Brigades à moto, manifestants nassés, LBD… Voilà tout ce qui a changé en matière de maintien de l'ordre depuis le mouvement des gilets jaunes.
Publié le
17
/
12
/
2019

Voici les 4 changements du maintien de l’ordre en manifestation, depuis le début du mouvement des gilets jaunes


En France, manifestation rime avec du maintien de l’ordre. Cependant, “face à une menace qui évolue, nos méthodes et nos outils, eux aussi, doivent évoluer”, annonce Christophe Castaner le 17 juin 2019. Voici l’évolution du maintien de l’ordre en France, depuis le début du mouvement des gilets jaunes.


1 - La création des brigades motorisées


La manifestation du 1er décembre 2018 autour de l’Arc de Triomphe a fait des centaines de milliers d’euros de dégâts, 110 blessés côté manifestants et 23 blessés côté forces de l’ordre. Le gouvernement exige alors davantage de fermeté et de réactivité. Ainsi, les BRAV-M, les Brigades de Répression de l’Action Violente Motorisée, sont créées en mars 2019. Ce sont des unités constituées d’un pilote de moto et d’un agent de la BAC ou de la CI. Selon le sociologue Laurent Mucchielli, il y a déjà un surplus de diversité dans les forces de l’ordre : “Il y a des problèmes de commandement qui sont liés déjà à la diversité, au fait qu’il y ait des policiers, il y a des gendarmes, il y a la préfecture de Police de Paris (…) si en plus de ça on vient mélanger à ça des BAC, la BRI, une nouvelle unité de police à moto,(…) ça va devenir un foutoir complet.


2 - La judiciarisation des manifestations


Alors qu’ils en étaient presque absents il y a 10 ans, les unités de BAC se sont multipliées dans les cortèges. Le rôle de la BAC en manifestation est de cibler ceux qui troublent la manifestation et les interpeller. Cependant, selon le sociologue, “la plupart des personnes qu’on interpelle sont des personnes interpellées aux alentours, aux abords de la manifestation. (…) D’abord, encore une fois, les banlieues.” Promulguée en 2010, la “loi sur les violences en bandes” sanctionne la participation à un groupement “en vue de commettre des dégradations
Ainsi, c’est d’après ce délit que sont interpellés la majorité des manifestants. Cependant, “on a vu des gens interdits de manifester, mis en garde à vue simplement parce qu’ils avaient dans leurs sac à dos un gilet jaune et un masque contre le gaz lacrymogène”, rappelle Laurent Mucchielli. Par exemple, le 8 décembre 2018, 1723 personnes sont interpellées sur la même journée.


3 - Les nasses


Généralisées en 2016 lors des manifestations contre la “loi travail”, les nasses permettent d’isoler temporairement une partie de la manifestation. “La nasse elle est de plus en plus utilisée dès lors qu’on identifie des groupes extrémistes ou autre qui sont inclus dans la manifestation que les débordements commencent à se mettre en place”, explique le CRS. Mais, la plupart du temps, cela contribue à à mettre en colère les gens en colère. Dans un rapport de 2017, le Défenseur des droits s’inquiétait du cadre légal “très incertain, voire inexistant” de cette pratique.


4 - Les lanceurs de balles de défense, ou flash-ball


Fondamentalement, l’idée du flash-ball, c’était de pouvoir neutraliser sans tuer quelqu’un qui menace directement les policiers”, explique Mucchielli. Selon lui, “c’était absolument pas quelque chose qui a été pensé pour faire du maintien de l’ordre”. Les premiers flash-balls entrent en service en 1995 et sont généralisées par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, au début des années 2000. Les policiers sont alors autorisé à emporter les flash-balle dans les cités difficiles et dangereuses. Après avoir été utilisées lors des révoltes urbaines de 2005 et de 2007, les flash-balls arrivent dans les manifestations à la fin des années 2000. Ainsi, entre novembre 2018 et février 2019, au cœur des contestations des gilets jaunes, plus de 13 000 tirs sont recensés en 4 mois.
Un pavé, même protégé, ça fait mal. Et qu’est-ce qu’on fait face à une personne qui vous lance un pavé ? À part avec un LBD ?” témoigne un CRS.
Selon Fabien Jobard, sociologue et directeur de recherches au CNRS, il est clair qu’aujourd’hui beaucoup de manifestants ont peur. Cependant, le sociologue explique que “la peur est toujours mauvaise conseillère (…) et lorsqu’on anticipe un certain niveau de violence alors on sait qu’on se rend à la manifestation en étant prêt à assumer cette violence”.