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Bagnolet : 21 familles font la grève du loyer
Ces habitants de Bagnolet ont décidé d’arrêter de payer leur loyer
Par solidarité avec des familles précaires, un immeuble entier a décidé de ne pas payer le loyer tant que le bailleur, privé, ne ferait pas un geste.
La crise du Covid-19 a entraîné une grève inédite en France : tous les habitants d’un immeuble de Bagnolet ont décidé de ne pas payer leur loyer ce mois-ci. « Au mois d'avril, notre bailleur a fait un appel pour des charges de 140 euros qui n'étaient pas prévues. Les gens ont commencé à discuter. On s'est rendu compte que certains étaient dans des situations très difficiles et risquaient de ne pas pouvoir payer leur loyer », explique Hélène, locataire.
« Qu'est-ce qu'on va faire, ils vont expulser les gens ? »
C'est donc par solidarité avec des foyers précaires, comme ceux de Johanna ou de Diana, que les 21 familles de l'immeuble ont décidé de ne pas payer le loyer tant que le bailleur, privé, ne ferait pas un geste. « Ça fait chaud au cœur, on se sent soutenus. Ils vont nous aider pour qu'on s'en sorte. Honnêtement, c'est pas très confortable, c'est pas très simple de se dire : "On arrête de payer le loyer." Mais, oui, on croit à cette dynamique collective », s’émeut Diana.
Johanna, de son côté, loue un appartement de 33m2 semi-enterré pour 875 euros, auxquels s'ajoutent des charges mensuelles de 80 euros. « Il y a des problèmes d'humidité dans notre chambre, il n'y a pas de chauffage et des problèmes d'aération. Je suis femme de ménage. Mon mari travaille dans le bâtiment. Financièrement pour vous, en ce moment, c'est un petit peu compliqué... », confie Johanna. « Les jours à venir vont être compliqués. Qu'est-ce qu'on va faire, ils vont expulser les gens ? », sinquiète de son côté Christelle.
6 à 7 millions de Français ont des difficultés à payer leur loyer à cause du confinement
L'Ires estime que 6 à 7 millions de Français ont des difficultés à payer leur loyer à cause du confinement. Des associations comme le Droit au Logement (DAL) craignent des vagues massives d'expulsions après la trêve hivernale, repoussée cette année au mois de juillet par le gouvernement.
« Pour des gens lambda, dans un petit immeuble, des travailleurs, des salariés, tout proprets de l'extérieur, c'est la première fois. Et ça traduit une extension de la crise du logement qui touche un niveau de plus en plus important de la population », alerte Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l'association DAL.
Contrairement à l'Allemagne, le Portugal ou l'Espagne, le gouvernement français n'a pas mis en place de dispositif de soutien aux locataires pendant la crise sanitaire. Seules les PME en difficulté ont bénéficié de la suspension des factures et des loyers.
« Pendant les mois qui vont arriver, on va avoir une vague d'impayés de loyers qui pourrait être beaucoup plus élevée que ce qu’envisage le gouvernement. En dehors de reporter la trêve des expulsions locatives et de la baisse des APL, le gouvernement n'a rien fait pour les locataires. C'est une bombe sociale qui peut exploser à partir de l'année prochaine », prévient Jean-Baptiste Eyraud.