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Comment monsieur Mehdi a vécu à la rue, et s’en est sorti
“Si vous n'avez pas une main secourable, vous êtes foutu”
“Mon premier jour à la rue, c'était en 2007 à Clichy, avec ma petite voiture dans laquelle je passe jour et nuit.” Voici comment Abdelmajid Mehdi s’est retrouvé sans abri, et ce pendant 15 ans. Il vivait dans sa voiture, une 106 Peugeot, qui ne roulait plus. “Il y avait, devant ma voiture, une déchèterie, des autocars, des véhicules, des épaves”, se rappelle-t-il. “Première semaine et deuxième, je ne bougeais pas de ma voiture et c'était difficile. (...) Le monde s'était restreint autour de moi, je ne pouvais même pas déplier mes jambes en dormant. Comme le sommeil n'était pas sur commande, bah c'est l'insomnie totale sur des 24 heures les jours, les semaines, qui défilaient, les mois et les années qui défilent comme ça.”
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15 ans de vie à la rue
Il se souvient notamment de sa difficulté à trouver des sanitaires. “Soit j'allais dans un foyer à 500 mètres, des Maliens ou chez des voisins... C'était presque impossible.” Mais des voisins solidaires s’unissent pour lui offrir un petit camion. Il y a vécu plusieurs années. “Ils m'ont procuré, quand même, un camping-car avec le sanitaire, avec tout ce qu'il faut! Bah, j'étais quand même heureux. Je passais d'une période de misère noire totale jusqu'à un apaisement”, se rappelle-t-il.
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“Une fois qu'on a le pied dans la rue, il n'y a plus de solution. Si vous n'avez pas une main secourable qui viendrait vous tendre la main comme ça pour vous en sortir, bah vous êtes foutu”, pense monsieur Mehdi. Dès son arrivée en France, il a vécu dans cette situation d’instabilité. “À l'âge de 20 ans, je suis arrivé du Maroc, on m'a proposé un emploi dans l'automobile.” Il a alors suivi des formations dans l'architecture et enchaîné les métiers précaires. “Mais je n'arrivais pas à cause du logement. C'était provisoire, soit j’étais logé chez l'employeur, ou l'ami, mais j'ai le pied à la rue, toujours à la rue, instable.”
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“C'est mon ange, elle m'a sauvé”
Aujourd’hui, il n’est plus à la rue. “C'est ici mon logement que je viens d'avoir depuis la mi-décembre. Et quand même, bon, je me repose. Là, je vais récupérer un peu ma santé un petit peu par le repos, par le sommeil qui me manque beaucoup. C'est grâce à mademoiselle Sherazade, qui m'a tendu la main. C'était ma planche de salut”, explique Abdelmajid Mehdi. “C'est mon ange. Elle m'a sauvé.”
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“Je l'ai rencontré en faisant mes courses au Leclerc de Vitry”, détaille Sherazade. “Il était à la caisse devant moi et sa personne m'a interpellée. On a discuté un peu et puis il m'a parlé de sa situation. Et puis j'ai été le voir, en fait, là où il habitait, ce qui lui servait de logement. Et ça m'a profondément choquée. (...) Donc à ce moment-là, j'ai essayé de lui apporter de l'aide, à mon échelle. Je n'ai pas eu d'autre choix que de demander de l'aide au peuple, en fait, on va dire. Et je les remercierai jamais assez, parce que cet élan de solidarité, ça lui a permis d'avoir un logement très rapidement. J'en ai fait un membre de ma famille tout simplement et aujourd'hui, c'est une personne... c'est une personne à part entière dans ma vie, il fait partie de ma vie, tout simplement.”
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