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Covid-19 : comment le village Emmaüs Lescar-Pau gère la crise

Dans cette communauté qui prône l'anticapitalisme, l'autosuffisance et l'écologie et où vivent une centaine de femmes et d'hommes, voilà comment on s'organise face à la crise.
Publié le
16
/
04
/
2020

Covid-19 : comment le village Emmaüs Lescar-Pau gère la crise


Une centaine de femmes et d'hommes y vivent et travaillent. Cette communauté prône l'anticapitalisme, l'autosuffisance et l'écologie.


« On a la chance d’être dans un endroit relativement préservé. Mais ce n’est pas venu comme ça, en claquant des doigts ! Ça fait partie quelque part d’un choix de vie, d’une dynamique de vie où on ne fait pas n’importe comment, on ne mange pas n’importe quoi, on fait attention à ce qu’on jette. C’est tout l’ADN du village. Quelque part ça, ça nous prépare à ce genre de choses » se réjouit François, habitant du village Emmaüs Lescar-Pau.


Une autonomie financière alimentaire à plus de 70 %,


Dans ce village vivent et travaillent une centaine de femmes et d’hommes. C’est la plus grande communauté Emmaüs de France, ouverte depuis 1986. Dans ce village, l’activité économique principale – la vente de bric-à-brac, qui attire jusqu’à 2.000 visiteurs par jour – s’est arrêtée avec le confinement. Qu’à cela ne tienne : cette communauté anticapitaliste et autosuffisante en alimentation s’organise face à la crise grâce à ses 25 hectares dédiés à l’agriculture.


« Quand on est confinés comme ça, on peut rattraper tout le retard que nous avons dans les divers secteurs, au niveau de l'électronique, au niveau de l’électroménager, au niveau du bric-à-brac, au niveau du tri de vêtements, du tri de livres. Et ce qui est très important pour nous, c’est la ferme. Elle nous permet une autonomie financière alimentaire à plus de 70 %, que ce soit au niveau de l'élevage, au niveau du maraîchage, au niveau de l’apiculture, au niveau du verger », explique Germain.


Depuis le début du confinement, aucun revenu ne rentre dans le village


Chaque personne qui vit dans le village est un compagnon. Une grande partie d’entre eux n’avaient plus de travail, de salaire ou de logement avant de rejoindre la communauté, qui vit à 100 % grâce à son activité publique – vente d’objets, épicerie, restaurant, bar – et reçoit zéro subvention. Les habitants sont logés, nourris, blanchis, et reçoivent un salaire pour leur participation aux activités du village. « Il y a deux mois, j’étais encore à la rue. Si j’étais à la rue aujourd’hui, je ne sais pas où je serais. Sûrement dans un foyer, à ne pas pouvoir bouger. Je pèterais un câble », témoigne William.


Depuis le début du confinement, aucun revenu ne rentre dans le village. Emmaüs Lescar-Pau survit donc grâce le soutien de se banque, qui lui a avancé des fonds. « On s’est réorganisés par rapport à notre manière de bosser. On travaille plus par tout petits groupes. Il y a cinq ou six ateliers qui sont mis en place dans la ferme, il y a des préparations de planches de culture, il y a des semis à faire, il y a du repiquage, il y a des soins auprès des arbres fruitiers », développe David. Les habitants fabriquent même leurs propres masques.


« La vie a un autre sens, la vie a d’autres valeurs »


De ce confinement, Germain espère que son village, comme l’ensemble des Français, tireront des leçons de de vie. « C’est intéressant de réfléchir développer cette alternative économique, cette alternative sociale, culturelle, écologique pour une politique de respect de la nature. Ça me paraît fondamental. Je pense que quand on va sortir du confinement – même si ce système néolibéral et sa force de communication risquent de nous culpabiliser pour relancer l’économie productiviste – de plus en plus de gens vont prendre conscience que la vie a un autre sens, que la vie a d’autres valeurs et qu’on peut vivre autre chose. »