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Déportée à Auschwitz à 3 ans, Lidia Maksymowicz témoigne
“Il faut parler de ceux qui n'ont pas survécu”
“Je me rappelle de ce moment. J’arrive dans un wagon à bétail, nous sommes tous entassés, sans rien à manger ni à boire et dans des conditions sanitaires inexistantes. On faisait venir ainsi vers Auschwitz-Birkenau des trains depuis toute l’Europe occupée.” Lidia Maksymowicz a été déportée vers Auschwitz lorsqu'elle avait 3 ans. Elle raconte son histoire dans le livre La petite fille qui ne savait pas haïr. Elle se souvient de ses premiers moments dans le camp. “Quand s’ouvrent les portes du train, nous sommes poussés dehors et devant nous se dresse un rang de SS, les armes pointées dans notre direction. (...) On voit de la fumée s'évacuer des cheminées visibles non loin. Nous ne savons pas encore à ce moment que ce sont des fours crématoires.”
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“C'est l'hiver 1943. C'est un hiver rude avec des températures qui descendent sous les -20 °C. Ils nous tatouent des numéros très grossiers sur le bras. À partir de ce moment, nous n'avons plus de nom, de prénom ou d'origine. À 3 ans, je deviens prisonnière politique avec ce numéro que je porte toujours sur le bras. C'est comme une empreinte qui tous les jours vous empêche d'oublier cette période”, explique Lidia Maksymowicz en montrant son tatouage sur son bras.
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“J'ai certainement un regard différent en ce qui concerne la mort”
Comme d'autres enfants, elle a été victime des expériences du professeur Mengele. “J'essaye, comme ceux arrivés avant moi, de me cacher sous le châlit le plus bas, où se trouvait une petite fente afin simplement de nous y enfoncer. Il nous semble qu'en fermant les yeux, ils ne nous y emmèneront pas car la-bas se passe quelque chose de mauvais et certains n'en reviennent pas. Il se trouve qu'ils les emmènent dans des laboratoires situés près des fours crématoires. (...) L'objectif de toutes ces expériences pratiquées par le professeur Mengele était simplement d'élaborer un homme aux capacités extraordinaires pour coloniser toute l'Europe conquise.”
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“J'ai certainement un regard différent en ce qui concerne la mort, par rapport à ceux qui n'ont pas été aux camps”, pense-t-elle. “C'est parce que je n'ai pas reçu ce qu'un enfant en bas âge aurait dû recevoir. Même lorsque ma mère adoptive voulait m'enlacer pour me témoigner son affection, je reculais, car toute main tendue vers moi pendant ma vie au camp signifiait quelque chose de mauvais. Toute ma vie est marquée par ce temps passé dans le camp, car on ne peut pas rester à côté ou l'oublier. Je pense que, d'une certaine manière, c'est mon devoir et ma mission. Il faut parler de ceux qui n'ont pas survécu, et on ne doit pas les oublier."
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