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Être français, ça veut dire quoi ?
“Être français en temps de guerre, ce n'est pas la même chose qu’en temps de paix”
“Quand on se lève le matin, on se demande pas forcément si on est français ou pas”, explique Nicolas Offenstadt. L’historien a été interrogé par Brut sur la question : que représente le fait d’être Français ? Mais pour lui, il n’existe pas qu’une seule façon de l’être. “L'identité nationale en soi, unique, n'existe pas. Elle est toujours plurielle, elle est construite par les individus et elle est forcément faite aussi de la diversité : diversité d'histoire, diversité régionale, diversité d'expériences de vie, diversité d'engagement. Et je crois que, justement, la capacité d'une nation à construire un projet, c'est justement de tisser ensemble cette histoire.”
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Des droits et des devoirs
Avant tout, être Français comporte une portée juridique qui ne peut être négligée. “D'abord, être français, c'est un fait, c'est-à-dire que c'est une nationalité avec des droits et des devoirs, et donc indépendamment de ce que vous pensez, indépendamment des discussions, indépendamment des valeurs morales, indépendamment de la manière dont vous chargez la notion de France et la notion de Français, vous l'êtes ou vous ne l'êtes pas par rapport au droit.”
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En 1871, la France est vaincue par la Prusse et perd l’Alsace-Lorraine. La loi de 1889 définit le premier Code de la nationalité. “La question juridique de la citoyenneté française commence à se formaliser au moment où la Troisième république va organiser, en quelque sorte, toute une construction d'une identité nationale et notamment dans un rapport, évidemment, de tension avec l'Allemagne. La République est née d'une défaite et donc il faut se reconstruire. Donc, à ce moment-là, les choses se formalisent.”
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Une histoire commune
L’idée de récit national fait également son apparition. Il veut donc créer une histoire de la France que tous les citoyens devraient connaître. “Bien sûr, dans la manière dont on se représente l'histoire du pays français, ça va varier selon les époques. Et puis, surtout, ce qui est encore peut-être plus important, c'est que la question ne se pose pas avec la même intensité selon les périodes. Être Français en temps de guerre, ce n'est pas la même chose qu'être en temps de paix. Et d'ailleurs, notamment pendant les deux guerres mondiales”, détaille l’historien.
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“Aujourd'hui, une bonne conception de l'histoire dans l'espace public, c'est au contraire de se dire : ‘Oui, il y a beaucoup de récits qui n'ont pas tous la même temporalité.’ Il y a des gens qui sont en France depuis très longtemps, qui ont été ancrés dans un village. Il y en a qui sont arrivés récemment et qui ont tout autant contribué à l'histoire du pays et donc accepter des récits pluriels, c'est fondamental pour créer, évidemment, un projet collectif”, conclut Nicolas Offenstadt.
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