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Il faut repenser l'histoire de la colonisation, selon l'historien Benjamin Stora
Benjamin Stora veut changer notre rapport à la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie
À la demande d’Emmanuel Macron, l’historien Benjamin Stora a présenté mercredi 20 janvier 2021 un rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie.
Le constat d’un deuil inaccompli
Benjamin Stora considère que la France a pris un retard d’enseignement de cette période de l’histoire, car" il fallait avancer, il fallait vivre”. Il faut attendre les années 1990 pour que la parole commence à se libérer.
L’historien évoque ainsi le rôle des groupes de mémoires, qui se sont manifestés et ont permis de briser le silence autour de la mémoire de la guerre d’Algérie.
“Les enfants de Harkis, les enfants d’immigrés, les enfants des pieds-noirs, etc. On a eu un retour de mémoire des gens qui ont 25 ou 30 ans aujourd’hui, qui sont des petits-enfants et qui eux aussi sont partis à la recherche d’une quête identitaire très puissante, c’est-à-dire : d’où venons-nous ?”
Benjamin Stora se concentre aussi sur la jeunesse sur le territoire algérien, elle aussi en attente de réponses sur sa propre histoire.
Aujourd’hui, "un travail de réconciliation des mémoires"
Emmanuel Macron, le 4 décembre 2020, expliquait les objectifs de ce rapport : “Un travail d’Histoire sur les faits, d’ouverture des archives, pour que nos manuels rendent compte de toute cette période et un travail qui permettra la réconciliation des mémoires”
Benjamin Stora souhaite élargir le spectre, apporter une vision plus globale de l’Histoire : “Il faut agrandir l’Histoire, il ne faut pas la rétrécir”. Il parle d’un “décentrement du regard”.
l’historien s’intéresse à l’impact sur le long-terme, et aux dynamiques de la mémoire sur plusieurs générations.
Il conclut : “Ce n’est pas l'immédiateté d’une mesure qu’on oubliera dans trois mois, mais c’est essayer de mettre en mouvement un processus de connaissance réelle de l’autre”.