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Léontine Behaeghel raconte l'amour sous emprise dans "Cinq petites tristesses"

"Si j'avais eu un texte comme ça entre les mains à 18 ou 19 ans, ça m'aurait aidé à comprendre ce qui était en train de se jouer et ce qu'était l'emprise." Elle avait 19 ans, lui, 60. Ils avaient une relation forte qui pour elle ressemblait à de l'amour, mais qui en réalité était une relation d'emprise. Une histoire que Léontine Behaeghel a vécue et qu'elle raconte dans son roman "Cinq petites tristesses".
Publié le
23
/
06
/
2024

Je ressentais fort cette chose hyper particulière de : je sais que cela me fait du mal, mais je vais quand même y aller. Puis ça bascule dans une étape différente où, une fois qu'on a tout quitté, qu'on ne parle plus à ses parents, à sa famille, que nos amis ne veulent plus nous parler et qu'on a déplacé l'intégralité de nos affaires chez un type dans une autre ville en France et qu'on a coupé les ponts avec tout le monde, comment on fait pour revenir, en fait ? Je pense qu'en lisant ce livre, on comprend vraiment comment arrive une relation d'emprise”. Dans son roman Cinq petites tristesses, Léontine Behaeghel parle de l’histoire qui lui est personnellement arrivée : à 19 ans, elle démarre une relation - qu’elle pense amoureuse - avec un homme de 60 ans. Cette relation s’avérera être une relation d’emprise. 

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C’est relation très forte qu'elle va prendre pour de l'amour, mais qui, en fait, va être une relation d'emprise”


Mes amis étaient vraiment dans l'incompréhension face à cette relation. Certes ils comprenaient qu'il y avait un problème sans en saisir tous les enjeux et sans comprendre pourquoi j’y retourne sans cesse. J'ai même des amis qui à l'époque se sont vraiment même éloignés de moi parce que finalement, ils souffraient face à cette absence de réponse. Ils ont lu le livre et ils m'ont appelée en me disant: "Mais j'ai compris”” explique l’autrice. 

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L’écrivaine explique que son livre Cinq petites tristesses “raconte l’histoire de Léonie, 19 ans, qui est une jeune fille fragile. Qui n'a jamais vécu aucune histoire d'amour ou sexuelle. Elle va faire la rencontre de Gilles, 60 ans, qui est son parrain et qui avait été éloigné de la famille quand elle était bébé. A partir de là une relation très forte qu'elle va prendre pour de l'amour, mais qui, en fait, va être une relation d'emprise. C'est une histoire qui m'est vraiment arrivée. Évidemment, ça reste un roman dans le sens où il y a quelques détails qui ont été changés, mais malgré tout, j'ai commencé à écrire un journal, et d'ailleurs il y a des extraits de mon vrai journal intime de l'époque qui sont insérés dans le texte”. 


Elle décrit son héroïne comme une jeune femme n’ayant “aucune confiance en elle et pour la première fois de son existence, quelqu’un la désire. On a ce sentiment du coup un peu illusoire de devenir une femme à partir du moment où un homme pose un regard sur nous (...) et par-dessus tout, il s’agit du regard d’un adulte. Ce qui a favorisé cette relation, c’est cette espèce de porte qui lui permet d’un coup d’accéder à un monde d’adultes qui lui était complètement fermé. (...) La subtilité de l'histoire, c'est que Léonie a 19 ans. C'est ce qui fait aussi que cette histoire est aussi compliquée et incompréhensible aux yeux des autres, c'est qu'il ne s'agit pas de détournement de mineur”.  


“Que ce soit mes parents ou ma sœur, ils ont quand même très mal vécu cette histoire”


L’autrice explique que pour elle, écrire cette histoire ne permet pas d’aller mieux. “On me demande souvent si ça me permet d’aller mieux d’écrire sur une histoire douloureuse ou personnelle. Je pense que non. Par contre, quand j'ai commencé à comprendre que j'aimerais en faire un roman et que j'aimerais que d'autres le lisent, j'ai commencé à me dire que j'écrivais aussi pour les autres et je pense que déjà, si plus jeune, j'avais eu un texte comme ça entre les mains, cela ne m’aurait sûrement pas évité de tomber dans une relation comme ça, mais je pense que cela m’aurait vraiment aidée à comprendre ce qui était en train de se jouer et ce qu'était l'emprise”. 

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Son père n’a pas souhaité lire son livre. Sa mère non plus. Sa sœur en a lu la moitié seulement. “Elle ne veut pas trop aller au bout. (...) Que ce soit mes parents ou ma sœur, ils ont quand même très mal vécu cette histoire. Ça les a vraiment plongés dans une tristesse infinie. C'est d'ailleurs pour ça que le titre est Cinq petites tristesses, parce qu'ils sont cinq dans la famille et qu'on se rend compte qu'une histoire comme ça, ça impacte une famille entière et pas juste une âme esseulée. Je n’ai pas écrit pour eux, je ne tiens pas spécialement à ce qu'ils le lisent. S'ils veulent le lire, ils le liront, sinon, c'est pas grave”. 

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