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Les "boys’ clubs", ces clubs qui influent sur l'égalité femmes-hommes
C’est quoi, les boys’ clubs ?
Ils nous entourent mais on ne les remarque pas forcément. Ce sont les "boys' clubs", ces clubs privés exclusivement masculins.
« Qu’il s'agisse des hauts dirigeants des universités, des gouvernements de manière générale, des différents ministères, des comités exécutifs de différentes boîtes, des cours d'école où les garçons jouent ensemble, des gangs de garçons, des groupes de garçons... Moi, ce qui m'intéresse dans le boys' club, c'est qu'il est invisible. C'est comme la blancheur, la blancheur de la peau, on ne voit pas les Blancs. » La romancière Martine Delvaux est autrice d’un essai sur les boy’s clubs, Le Boys club. Brut l’a rencontrée.
« L’idée de couper la société, de séparer une portion de la société »
La suprématie blanche est invisible. Donc la masculinité, comme idéologie, ou la domination masculine, ou ce qu'on appelle le patriarcat, c'est en fait un immense boys' club qu’on ne constate pas, en général.
L'expression est née au Royaume-Uni. Le mot « club » vient de « cleave », en anglais, qui veut dire cliver. C'est l'idée de couper la société, de séparer une portion de la société. Ces hommes créaient des clubs privés pour échapper à l'espace domestique. À la fin du XIXème siècle, les femmes sont un peu des reines au foyer. Et les hommes, pour conserver un espace à eux, créent ces clubs privés.
Mais il ne s'agit pas de clubs banals, il s'agit quand même de clubs investis par des gens qui sont en position de pouvoir. La récente affaire de la « Ligue du LOL » met en lumière ce phénomène Facebook de boys' club. Des membres de ce groupe Facebook privé harcelaient surtout des femmes.
« La Ligue du LOL vient montrer comment les hommes peuvent fonctionner en groupe »
Une affaire comme celle de la Ligue du LOL, tout d'un coup, vient montrer comment les hommes peuvent fonctionner en groupe. Tous ensemble, ils pouvaient arriver à faire beaucoup de mal, que ce soit conscient ou inconscient. Les femmes ont de tout temps été l'objet de l'humour. On a tout le temps été caricaturées, stéréotypées. On a toujours eu le droit à un vocabulaire qui nous méprise. Au final, ils ont quand même réussi à créer suffisamment de violence pour faire peur à un certain nombre de jeunes femmes journalistes.
Ce n'est pas parce qu'on dénonce le boys' club ou la domination masculine qu'on considère que tous les hommes en font partie. Un homme qui fait partie d'un réseau n'est pas forcément coupable d'avoir posé des gestes violents, d'être un harceleur, d'être tout ce qu'on veut. Tout ce qu'il faut se poser comme questions, c’est : « À quoi sert ce réseau ? Comment est-ce qu'il fonctionne ? Quelle place est-ce que les acteurs occupent ? Qu'est-ce que ça dit de leur masculinité en général ? » Dans tous les cas, il faut essayer de penser un système, non pas des individus en particulier.