Peut-on tout pardonner ? – Brut Philo

La complexité du pardon

Claire Larroque, philosophe, aborde la question du pardon en soulignant la difficulté de pardonner à ceux qui nous ont trahis. Elle pose la question : "Comment je peux pardonner à quelqu'un qui m'a trahie, un ami qui m'a trahie, un compagnon qui a pris la voiture pris des stupéfiants, qui crée un accident ?" Cette interrogation met en lumière la tension entre l'acte de pardonner et la gravité de l'offense. Larroque explique que l'acte de pardonner ne consiste pas à minimiser le mal commis, mais à reconnaître la capacité de l'autre à faire d'autres choix.

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Elle affirme : "Je ne te réduis pas à l'erreur que tu as commise, je ne te réduis pas à l'acte mauvais que tu as fait." Elle souligne également que le pardon implique un double mouvement : "Je décide de voir l'humanité en moi, c'est-à-dire aussi ma propre faillibilité." Ce processus est à la fois altruiste et égoïste, car il peut aussi être motivé par le désir de se libérer de sentiments négatifs. Dans le contexte actuel, Larroque s'interroge sur l'impact des réseaux sociaux sur cette dynamique. Elle mentionne que ces plateformes peuvent être à la fois un espace de discussion et un lieu de déferlantes de haine, rendant le pardon encore plus difficile.

Le cadre du pardon dans la société moderne

La philosophe aborde la question de qui décide du pardon, affirmant que c'est souvent celui qui a été offensé qui a le pouvoir de pardonner. Elle précise que pour qu'il y ait pardon, il faut un accord entre l'offenseur et l'offensé. Larroque souligne que la dématérialisation des interactions sur les réseaux sociaux complique cette dynamique : "Il n'y a pas le cadre, favorable à la demande de pardon." Cette absence de proximité physique rend difficile la reconnaissance mutuelle nécessaire pour le pardon.

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Elle évoque également la confusion entre ce qui est excusable et ce qui est impardonnable, notant que les termes sont souvent flous. Larroque explique que cette ambiguïté se mêle à des considérations juridiques, où la liberté d'expression peut parfois entrer en conflit avec les sentiments d'offense. Elle conclut en mentionnant la dimension religieuse du pardon, en citant le philosophe Vladimir Jankélévitch, qui explore la notion de pardon dans le contexte de l'horreur de la Shoah. Larroque affirme que le pardon peut transcender la rationalité et l'éthique traditionnelle, ouvrant la voie à une compréhension plus profonde de ce qu'implique réellement le pardon.

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