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Pierre et Myriam : 5 ans après le Bataclan

Il venait de rencontrer Myriam. Le 13-Novembre, Pierre s'est pris une balle au Bataclan et est devenu paraplégique. Depuis, ils se sont lancé un incroyable défi. Ils racontent.
Publié le
12
/
11
/
2020

Bataclan : l’histoire d’un couple, cinq ans après


Pierre est un rescapé de l’attentat du Bataclan. Cinq ans après cet événement qui a chamboulé sa vie, il raconte le chemin parcouru aux côtés de Myriam, sa femme.


Voilà cinq ans que les attentats du 13-Novembre ont eu lieu. Pierre était au Bataclan quand les terroristes sont arrivés. Il se rappelle du bruit des premiers coups de feu. Il est touché immédiatement. « Je n’arrive pas à me déplacer, je n’arrive plus à bouger, enfin il se passe un truc. J’ai un black-out pendant un certain temps, je ne sais pas combien de temps exactement », se souvient-il. Et il pense à Myriam, sa petite-amie.


Le lendemain des attentats


Au moment de l’attentat, Myriam suit les informations télévisées et réalise ce qu’il se passe. Elle raconte : « On a mis quelques minutes à comprendre qu’en fait, il était bien là-bas. C’est la nuit la plus longue de l’histoire qui démarre. Pour moi en tous cas. » Quand elle finit par revoir Pierre, il est à l’hôpital.


C’est aussi là que Myriam rencontre les parents de son petit-ami pour la première fois. « Je me dirige vers son père et je lui dis : “Ah ben enchantée”. Il me regarde un peu bizarrement, je lui dis: “Oui, effectivement, c’était pas forcément le bon terme”. » Pierre n’assiste pas à la rencontre, mais il se rappelle de l’optimisme réconfortant de sa partenaire.


Après la rencontre, la mère de Pierre indique à Myriam qu’elle peut partir si elle le souhaite. « On est hyper heureux que tu sois là mais si tu as le moindre doute, fais ta vie, que ce soit avec nous, un peu à côté ou ailleurs, mais ne te sens pas prisonnière. » Myriam est restée.


« Vous ne remarcherez plus »


Durant son séjour à l’hôpital, Pierre apprend qu’il est paraplégique. « Il y a l’interne sur place qui fait un diagnostic. Et il me dit assez sèchement : “Vous ne remarcherez plus.” Donc là, petite claque. » Il ne ressent rien en-dessous des pectoraux, il ne peut plus bouger ses membres inférieurs.


Au début, il reçoit une aide psychologique hebdomadaire. Mais il décide d’y mettre fin car il la trouve inutile. « Moi, j’ai pas de souvenir de ce qui s’est passé, j’ai pas de bruit, j’ai pas d’odeur, j’ai pas de vision. Je n'ai rien vu de ce qui s’est passé. »


Pawel, kinésithérapeute, a aidé à soigner Pierre. Il se souvient : « On a l’habitude de voir des blessés. Si tu te retrouves dans une situation de handicap, surtout si c’est un handicap que tu vas garder toute ta vie, c’est difficile. Et Pierre, c’est vrai qu’on voyait tous, dès les départ, que sa force venait de son entourage ».


La vie après le Bataclan


Pierre et Myriam décident finalement de se marier. Le jeune homme fait sa demande de mariage dans un restaurant parisien. « Il ne s’est même pas mis à genoux. Non mais le mec, sans déconner », rit Myriam. Pour les proches du couple, la fête qui s'ensuit est très importante. « C’était un peu une double fête parce que c’était à la fois leur mariage, mais c’était aussi pour faire un pied de nez à la vie », raconte Cécile, la sœur de Pierre.


Par la suite, Pierre rejoint l’association « Comme les autres », créée par le champion paralympiques de tennis, Mickaël Jeremiaz. « Il m’a montré ses photos du kayak, de la tyrolienne, etc. Tout de suite, ça a enlevé cette espèce de barrière psychologique. Je me suis dit : “OK, quand on voyage, il faut qu’on voyage dans des villes pour être confort et pour être sécure”, et en fait non », se souvient le survivant.


Le couple s’envole ensuite pour des aventures à travers le monde. Ils visitent le Machu Picchu, nagent avec des otaries, font du kayak au pied d’un glacier en Argentine, du surf dans des dunes de sable au Pérou, traversent la Nouvelle-Zélande en tandem... Des expériences qu’ils n’auraient jamais pensé vivre un jour.