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S'aimer quand on n'a pas la même religion

Marie-Line est catholique pratiquante. Youssef est musulman pratiquant. Leur rencontre, leur mariage, les difficultés... Ils racontent leur histoire d'amour à Brut.
Publié le
23
/
01
/
2020

Marie-Line, catholique, et Youssef, musulman : couple mixte et follement amoureux


Ils se sont rencontrés lors d’un cours de salsa. Aujourd’hui, ils veulent prouver au monde qu’un amour par-delà la religion est possible.


Marie-Line est catholique pratiquante. Jamais elle n'aurait imaginé se marier avec un musulman. Et pourtant, c’est Youssef qui l’a fait fondre. Tous deux racontent leur histoire à Brut.


« J’étais vraiment fascinée par toi »


Youssef : Moi, c’est Youssef. J’ai 30 ans, je suis marié depuis août 2019 avec Marie-Line. J’ai grandi au Maroc, je suis musulman, croyant, pratiquant, et je vis en France depuis 11 ans.


Marie-Line : Moi, c’est Marie-Line, j’ai 27 ans. Je suis catholique, je vais à la messe.


Y : On s’est rencontrés à une soirée salsa. On partage la même passion : la danse latine.


M-L : Pendant la soirée, on n’avait pas spécialement dansé ensemble, mais par hasard, ou peut-être pour autre chose, on est sortis au même moment, on a pris le même métro, sur le même quai, et là, sur le quai, tu m’as fait danser la salsa…


Y : Grâce au retard du métro…


M-L : J’étais vraiment fascinée par toi. Je ne mangeais plus, je ne dormais plus, je n’avais jamais ressenti quelque chose de fort comme ça. Je sentais que je rentrais petit à petit dans ton univers et que j’avais envie d’y entrer pour toujours.


« Il n’y a pas eu de vraie opposition de la famille »


Y : Il n’y a pas eu de vraie opposition de ma famille. Mes parents l’ont très bien accepté. La seule condition, c’était que je sois heureux avec toi. Après, on peut avoir des petites blagues, des petites remarques dans l’entourage, du style : « Est-ce qu’elle va se convertir ? Est-ce que t’es sûr ? Est-ce qu’il n’y a pas assez de jolies Marocaines ? »


M-L : Comme toi, j’ai quand même eu la chance de ne pas avoir d’opposition, en tout cas de la part des personnes qui comptent vraiment pour moi. J’ai eu des questions du type : « Est-ce que tu vas pouvoir garder toute ta liberté avec lui ? »


Y : « Est-ce que son père est polygame ? Est-ce qu’il a ses papiers ? »


M-L : « Est-ce qu’il va se marier avec toi pour avoir ses papiers ? » Bon, après, moi, j’ai toujours été sûre que je me marierais à l’église. Je suis prête à beaucoup de choses, mais ça, ça aurait été extrêmement dur, et ça n’aurait pas été sain pour notre relation que je fasse un tel sacrifice.


Y : Moi, j’avais deux exigences. C’était qu’il y ait de la musique orientale, parce que pour ma famille et mes amis, lors d’un mariage, il faut danser sur de la musique marocaine. Le deuxième point, c’était la tradition de l’ammarya. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est le fait de porter les mariés sur des trônes.


M-L : C’est moi qui ai été portée. Et on s’est mis en tenues traditionnelles marocaines.


Une cérémonie de mariage islamo-chrétienne


Y : On a opté pour une cérémonie islamo-chrétienne à l’église avec un prêtre, enfin un diacre, et un islamologue. Pas un imam, mais un musulman très sage et qui connaît le Coran par cœur. Parmi les concessions que j’ai dû faire, j’ai accepté qu’il y ait de l’alcool. Mais pour la fontaine, qui était pour tout le monde, on a opté pour un jus de raisin pétillant.


M-L : Avec Johny Hallyday en fond !


Y : Par rapport au nom de famille, j’étais ouvert à deux possibilités : soit mon nom, ou rajouter ton nom au mien.


M-L : Moi, j’ai toujours voulu prendre le nom de mon mari et garder uniquement ce nom-là.


Y : Tu n’avais pas peur que ce soit un frein à ta carrière ?


M-L : Non, je pense que c’est plutôt un filtre, parce que s’il y a des personnes qui ne souhaitent pas travailler avec moi, je serais très contente de ne pas travailler avec eux. Ce qu’on s’est dit pour la religion, ce serait que chacun de nous deux éveille nos enfants à sa propre religion.


« J’espère qu’on arrivera à transmettre ça à nos enfants »


Y : L’avantage, c’est que le jour du seigneur, c’est pas le même : il y a le vendredi dans l’islam et le dimanche chez les catholiques, donc il n’y aura pas de conflit là-dessus.


M-L. : Quand je vois tout ce que ça m’a apporté de te rencontrer, de découvrir une nouvelle culture et tout ce qui va avec, c’est énorme. J’espère qu’on arrivera à transmettre ça à nos enfants.


Y : C’est déjà pas facile d’avoir un couple durable et amoureux. Être en plus un couple mixte, ça rajoute des défis et des difficultés, et ça peut rajouter des tensions. Grâce à la communication et à la bienveillance, la patience et le sens du compromis, j’espère qu’on arrivera à les surmonter.


M-L : Et puis, ce qui est indispensable, c’est l’humour.