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Un an après, Brut est retourné voir Simon Worou, maire en Aveyron

Né au Togo, Simon Worou est maire d'une commune de l'Aveyron. Un an après avoir été réélu pour un second mandat, Brut est retourné à sa rencontre. Et certains habitants ont changé d'avis sur lui…
Publié le
08
/
12
/
2021

J’avais une habitante qui ne supportait pas l’idée que ce soit un noir qui occupe ce poste”


Simon Worou est maire de Sainte-Juliette-sur-Viaur en Aveyron. Il y a un an, Brut était allé à sa rencontre. Né au Togo, il est devenu maire de cette commune aveyronnaise de 585 habitants. Il venait d’être réélu pour son second mandat. Douze mois plus tard, voici de nouveau son témoignage. “Devenir maire, c’est ouvrir des portes aussi pour la jeune génération, tous ceux qui, parce que parcours de vie compliqué, se sont retrouvés ailleurs. Et voilà, aujourd’hui, je suis devenu le maire de cette belle commune, qui a su reconnaître les valeurs dans l’humain, au-delà de la couleur de peau” explique Simon Worou, maire de la commune de Sainte-Juliette-sur-Viaur depuis 2014.

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Sur les 5 % ou 10 % de ces personnes qui avaient des a priori, j’ai gagné, au moins pour la moitié, leur confiance” affirme le maire. Pour cela, il explique que l’important est de “toujours démontrer. Montrer et être à l'œuvre, montrer qu’ils ont tort sans poser de mots, par les actes. En 2014, j’avais une habitante qui habite pas loin qui pouvait pas me voir. Elle supportait pas l’idée que ce soit un noir qui occupe ce poste, donc elle a commencé à raconter tout ce qu’elle voulait sur moi, en disant que je travaillais à la mairie de la capitale de l’Aveyron et que je ramassais les poubelles, qu’en plus d’être noir, j’étais éboueur et que c’était pas logique que je devienne son maire. Je l’ai eue la semaine dernière, elle m’a appelé pour autre chose et elle en a profité pour s’excuser, en disant : “Simon, je me suis trompée. Je ne te connaissais pas beaucoup, tu nous a beaucoup apporté, et j’apprécie.” Vous voyez, le temps...

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Il est particulièrement fier que les avis de certains habitants aient évolué de manière positive. “Je suis assez fier, très fier, parce que cette problématique de crainte, de peur, de regard distant et tout ça, je ne la retrouve plus en Aveyron, et c’est un combat de gagné. Le mandat précédent, c’était faire ses preuves. Et aujourd’hui, c’est aller plus loin” indique Simon Worou, qui considère qu’il a pu gagner de la légitimité avec le temps. “La légitimité, on ne te la donne pas. Il faut aller la gagner. Et je m’adresse à tous les étrangers, j’appelle ça plutôt la diaspora des immigrés, qui vont ailleurs, en France ou ailleurs, il ne faut pas attendre qu’on nous apporte des choses. Il faut qu’on aille les gagner”. De son parcours il a tiré un livre dans lequel il raconte son histoire. “Je suis parti de très loin, sans vision, sans perspective, sans calcul, et arrivé… Je suis qu’un petit maire, (...) mais conquérir une culture, une civilisation qui n’est pas la sienne, c’est plutôt bon.”

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