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Un appel pour plus de moyens dans l'hôpital public

9 jours après sa naissance, leur fils Élias est décédé. Pauline et Saïd racontent leur histoire, et lancent un appel pour dénoncer le manque de moyens dans l'hôpital public.
Publié le
10
/
01
/
2020

Des bébés d’Île-de-France hospitalisés à des kilomètres de chez eux


Il y a trop peu de pédiatres dans la région pour faire fonctionner les urgences correctement, alertent deux parents dont le bébé est mort en réanimation. Ils lancent une pétition.


Faute de lits et de praticiens, des nourrissons sont transférés hors de Paris, voire hors d’Île-de-France. Pauline et Saïd ont vu leur enfant mourir. Ils racontent leur histoire.


« Une souffrance qui ne semble pas être entendue par la ministre »


Les médecins nous ont accompagnés jusqu’au bout. Sans eux, vraiment, on n’aurait pas pu dire au revoir à notre bébé comme on l’a fait. En fait, quand ils ont compris qu’ils n’allaient pas pouvoir sauver notre fils, c’était dur pour eux aussi.


Ils ont l’impression de ne pas y arriver, d’être dépassés. À aucun moment on ne s’est posé la question de savoir si notre enfant était bien pris en charge. Mais on a appris récemment qu’en fait, ce n’était pas le cas pour tous les enfants. Voilà ce qui nous a heurtés. Si on nous avait dit que notre gamin devait être transporté ailleurs faute de place, on serait devenu fous.


Les équipes ne disent pas qu’elles ont enchaîné des gardes parce qu’il manquait une infirmière, et qu’une infirmière a dû enchaîner deux gardes dans la semaine. Elles continuent à faire le maximum. Derrière, il y a une souffrance qui s’exprime autant que possible mais qui ne semble pas être entendue par la ministre. Et puis il y a une inquiétude. Des médecins nous disent qu’ils ont peur de pas pouvoir remplir leur mission, de ne plus être en mesure de faire leur travail pour répondre à la vocation qui est la leur, et qui préfèrent démissionner de l’hôpital public plutôt que de mettre en danger leurs patients.


Des bébés transportés à une trentaine de kilomètres


On a reçu de nombreux témoignages depuis qu’on a publié lancé notre pétition sur change.org, « Sauvons la réanimation pédiatrique : l'appel des parents ». Par exemple, c’est un enfant de six semaines qui est en situation de détresse : pas de place à Paris, mais ses parents habitent à Paris. Il est donc transféré à Poissy, à une trentaine de kilomètres. Mais à Poissy, son cas s’aggrave. On ne peut pas le soigner en réanimation, alors il est transféré à Orléans. 


Qu’est-ce que c’est que de transporter un enfant d’un point A à un point B lorsqu’il est en situation de réanimation ? Je vais vous parler tout simplement de l’exemple de notre fils, Élias. Il est né aux Bluets et il a été transféré immédiatement à Trousseau. Les Bluets et Trousseau, c’est mitoyen. Si on avait dû le transférer dans un autre hôpital, il n’aurait jamais survécu au trajet. Cela pour une raison simple : une fois qu’il a été posé dans sa couveuse à Trousseau, c’était impossible de le bouger, il n’était plus en état. Il était trop fatigué. À un moment, il fallait lui faire un examen et le faire descendre de deux étages en ascenseur. C’était impossible. Les médecins nous ont dit : il ne supportera pas le trajet.


« Notre système de santé est en train de s’effondrer »


Autre exemple : au Mans, un service ferme. À Tours, deux lits devaient rouvrir en janvier. Ils ne peuvent pas rouvrir parce que l’hôpital ne parvient pas à recruter des infirmières. Et pour des raisons de sécurité, une infirmière ne peut s’occuper que de trois enfants au maximum. Ce que nous craignons aujourd’hui, c’est que notre système de santé soit en train de s’effondrer sous nos yeux. 


Nous, on croit encore à l’hôpital public. D’ailleurs, moi, je vais accoucher dans quelques semaines à Trousseau parce que je sais que je vais trouver les meilleures équipes. Il y a quand même de l’espoir, mais il faut se bouger. C’est à Trousseau que notre fils Élias est parti, et c’est à Trousseau qu’on va de nouveau donner la vie.