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"Une histoire folle" par Joachim Roncin — Brut Book

BRUT BOOK. “Je suis Charlie”, c’est lui qui l’a créé juste après les attentats chez Charlie Hebdo. Trois mots et un logo, souvent repris, parfois détournés, qui l'ont propulsé malgré lui dans une lumière parfois trop forte. Neuf ans plus tard, Joachim Roncin raconte dans son livre “Une histoire folle”, ce moment où il a créé “Je suis Charlie” et comment il a vécu l’après.
Publié le
07
/
01
/
2024

On m'a demandé, là, récemment, lors du conflit israélo-palestinien, de m’exprimer en tant que créateur de "Je suis Charlie". Et ça arrive souvent, ça, ça arrive tout le temps, en fait”. Dans son livre “Une Histoire folle”, Joachim Roncin revient sur le moment où il a publié sur Twitter le logo “Je suis Charlie”, qui deviendra par la suite un slogan, et sur la manière dont il a vécu l’après. Le 7 janvier 2015, une attaque terroriste survient dans les locaux de la rédaction de Charlie Hebdo. L’attaque fait 12 victimes. A ce moment-là, Joachim Roncin travaille pour le magazine Stylist qu’il a co-créé. “J'ai le rédacteur en chef adjoint, Hugo, qui voit un message, sur son téléphone, qui dit "une attaque chez Charlie Hebdo". Et moi, ma première réaction, c'est de ne pas y croire, de minimiser. Je suis directeur artistique de presse et donc je travaille les images. Et donc je poste cette image de "Je suis Charlie" sur Twitter, sans rien d'autre, juste l'image, je la balance”. 

Luz, de Charlie Hebdo à Vernon Subutex


“Il y a beaucoup de monde, je commence à voir des affiches”


Quelques heures plus tard, il reçoit un coup de fil de l’AFP qui lui demande si c’est lui qui a créé ce slogan. “Il y a une sorte de sidération, un truc irréel qui se passe. Et moi, on me demande en parallèle d'avoir un discours presque construit, comme si j'étais une personne qui avait mentalisé tout ce qu'il avait fait, donc qui avait fait ça sciemment” se souvient Joachim Roncin. Le soir-même, il va à ce qui sera la première veillée des victimes des attentats en France. “Il y a beaucoup de monde. Et là, dans la foule, je commence à voir des affiches, des gens qui ont imprimé sur leur machine à photocopier des "Je suis Charlie". Ces mots sont devenus un slogan. Et ce slogan, ce n'est pas moi qui l'ai créé. Moi, j'ai créé ces mots, j'ai donné aux gens des mots. C'est les gens qui se sont retrouvés derrière et qui en ont fait un slogan et qui y ont accolé une forme de cri ou en tout cas de message contre la terreur”. 

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S’il a souhaité écrire neuf ans plus tard, ce livre “Une Histoire folle”, c’est parce que Joachim Roncin a “l'impression, depuis quelques années, que le slogan est en train de glisser vers quelque chose qui ne (lui) plaît pas” : “Petit à petit, ça a glissé vers quelque chose qui m'a dérangé, à savoir une récupération peut-être politique. Ca dénote un caractère français presque nationaliste qui me dérange”. Si cela était à refaire, il indique le refaire “100 fois, sauf que je ferais plus attention à ma santé mentale. On me posait la question de: est-ce que j'étais fier de ce slogan? On ne peut pas être fier d'un slogan qui prend ses racines sur autant de malheur. Mais je ne peux pas être non plus insensible parce que ça serait une négation de mon ego. Je suis tellement content que ce slogan ait existé mais en fait, c’est quelque chose qui m’a pesé et que j’ai eu beaucoup de mal à vivre avec, finalement. Énormément de mal” conclut l’auteur. 

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