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Héroïne syrienne, elle risque la prison : Sarah Mardini raconte
“Nous avons été mises en prison parce que nous avons décidé de sauver des vies”
“Je suis sortie de prison, mais je ne suis pas libre. Jusqu'à ce jour, les autorités grecques continuent injustement d'insister sur le fait que moi ainsi que mes collègues faisions partie d'un réseau criminel”. Sarah Mardini a été arrêtée en août 2018 sur l'île de Lesbos. La bénévole syrienne a été accusée par la justice grecque de participer à un réseau criminel d'aide à l'immigration clandestine. Elle a passé 3 mois en détention provisoire. En attente de son procès, elle encourt 15 ans de prison.
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“Dans de nombreux pays, si vous ne parvenez pas à aider quelqu'un dans le besoin, par exemple un accident de voiture, c'est un crime. Mais nous avons été mises en prison parce que nous avons décidé de sauver des vies quand les gouvernements d'Europe et du monde ont échoué à le faire”. En août 2015, Sarah Mardini a embarqué avec sa sœur Yusra et 18 autres réfugiés de la guerre civile syrienne, dont un enfant de 4 ans, sur un canot pneumatique de fortune, fait pour contenir 7 personnes. Le groupe, qui a quitté leur pays en guerre, a pour objectif de rejoindre l’île grecque de Lesbos, de l’autre côté de la mer Egée, et qui fait partie de l’Union européenne.
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“J'ai participé au sauvetage de 456 personnes”
“Quinze minutes à peine après le début du voyage, le bateau commence à prendre l'eau, la mer est agitée, puis le moteur commence à tomber en panne. Yusra et moi avons sauté à l'eau car nous venons d'une famille de Damas qui a une longue tradition de nageurs professionnels. Nous savons que nous pouvons survivre dans l'eau. Nous pensons également que si nous tirons sur notre corde, nous pouvons faire avancer le bateau jusqu'à la côte, qui se trouve à cinq kilomètres. Le vent est si fort et les vagues si hautes, mais après trois heures et demie à pousser et à tirer ensemble, nous avons atteint la côte nord de Lesbos, en Grèce. Mais cette arrivée en Europe n'était pas la fin de mon voyage”.
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“À bien des égards, ce n'était que le début”. Le groupe de migrants passe les deux premiers mois dans le camp de réfugiés de Spandau. “Yusra a nagé aux Jeux olympiques de 2016 représentant l'équipe olympique des réfugiés, et j'ai décidé de retourner à Lesbos, dans l'eau où ma vie avait énormément changé en 2015”. La jeune femme rejoint l’ONG, Emergency Response Centre International, en tant que nageuse de recherche et de sauvetage et traductrice en arabe.
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“Je faisais de longues veilles de nuit sur le rivage, scrutant la mer à la recherche de toute âme qui tenterait de se mettre en sécurité. En tant que bénévole, j'ai fait partie d'un équipage de surveillance en mer pour une mission en avril 2021 et j'ai participé au sauvetage de 456 personnes. Aujourd'hui, j'attends toujours que mon innocence soit prouvée et je ne suis pas la seule. Il y a plus de 150 cas similaires en cours contre des humanitaires du monde entier. Parfois, des actions étranges sont menées pour nous intimider et nous arrêter dans notre combat. Mais devinez quoi ? Nous ne nous arrêterons pas”* affirme Sarah Mardini.
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