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Il ramasse des algues pour en faire des vêtements

Et si on se servait des algues pour fabriquer des vêtements ? À 23 ans, le designer Tanguy Mélinand veut inventer le textile éco-responsable de demain : un "cuir d'algues". Brut l'a suivi dans son atelier breton.
Publié le
18
/
04
/
2023

S’inspirer de la nature


La mode est une industrie très polluante. Grosse consommatrice des matières premières comme le coton, elle demande aussi une grosse quantité d’eau potable pour la fabrication. À l’instar de la fast-fashion qui pousse le consommateur à acheter toujours plus, les vêtements sont moins portés et donc, plus facilement jetés, ne faisant qu'accroître nos déchets. Pour contrer cette industrie polluante et donner un nouveau visage à la mode, Tanguy Mélinand, diplômé d’école de haute couture à 23 ans, s'inspire de la nature, et plus particulièrement des algues pour ses créations. 

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Pour créer ses vêtements, le designer Tanguy Mélinand ne se rend pas chez des fournisseurs de tissus mais sur la plage de Sainte-Marguerite, près de chez lui, à Landéda, en Bretagne. Lorsque la marée est basse, aux alentours de 13 h 30, il sélectionne les algues, en fonction de leur spécificité et de ce qu'il souhaite, par la suite, en faire. “Là, on a une laminaire, et effectivement, moi, je trouve que ça a un aspect de cuir. À un moment, évidemment que ça donne des idées. Ça, là, c'est une saccharina qui est échouée. Ça, moi, j'ai bien envie de l'utiliser, parce que la texture gaufrée, c'est archi intéressant”. Muni de son ciseau, Tanguy Mélinand réalise des coupes propres, pour permettre aux algues de se régénérer. 

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Après avoir sélectionné ses matériaux, le designer passe de la plage à son atelier. Ici, il prépare ses végétaux à l’utilisation et confectionne ses créations. Après la récolte, il faut patienter deux jours avant de pouvoir les manipuler, afin qu’elles puissent sécher. Après cette étape, il réalise son processus de traitement, pour en faire du cuir. “Il faut réhydrater les algues à partir d'un produit, naturel bien sûr, qui va leur permettre de retrouver leur caractéristique souple et leur surface initiale. Je les mets à étendre juste ici pour qu'elles s'égouttent. Par exemple, celle-ci, qui est là depuis un peu plus longtemps, elle n'est pas sèche mais elle est restée souple et on voit qu'elle n'est plus comme celle-ci, elle n'a plus de pellicules d'eau. Et une fois que tout ça est sec, on arrive à ce produit-là”. 


Après cette étape, le produit passe sous une presse et la chaleur, combinée au poids, permet d'aplatir la matière, de la sécher un peu plus et d’enlever l'excédent de traitement. Les algues de la même taille sont ensuite assemblées et surpiquées. Pour le designer, travailler avec cette matière est complexe car elle est capricieuse et complexe à coudre car “étant donné que c'est vivant, elle conserve ses caractéristiques, par exemple d'absorption de l'humidité”.

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Une réponse pour combattre la pollution engendrée par la mode 


Selon Tanguy Mélinand, les biomatériaux en général, et ici, le cas des algues, sont une partie de la réponse pour justement combattre la pollution engendrée par le monde de la mode. Le fait de pouvoir cultiver la matière première de manière écoresponsable et durable est déjà un immense pas en avant. “Cette veste, par exemple, elle est faite à 100 % à partir d’algues, sauf les boutons, qui sont faits dans l'atelier de céramique juste à côté, qui sont en raku. Donc si on enlève les boutons, toute la veste, on peut la mettre dans notre compost et elle va disparaître avec le temps”. 


Car après plusieurs tests réalisés, le créateur explique qu’il faut environ trois semaines pour que la veste se désintègre totalement, sans laisser de trace. À terme, il souhaite développer une marque de vêtements dont la signature serait l'utilisation de ce cuir d'algues dont il a développé l'expertise, mais aussi pouvoir se tourner vers des vêtements plus conventionnels mais toujours soucieux de l'environnement.

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