Cette vidéo sera publiée prochainement

Ils rendent hommage aux sans-abri morts dans l'indifférence

"C'est pas juste un chiffre, c'est 611 êtres humains…" Ces 611 personnes, ce sont les sans-abri morts dans la rue en France en 2022. Et pour que ce ne soit pas juste un chiffre, c'est en rappelant leur prénom et leur âge que le collectif "Les morts de la rue" leur a rendu hommage.
Publié le
14
/
06
/
2023

611 personnes décédées dans la rue en 2022


Dans ce cortège, des pancartes et surtout le nom, l’âge ou un surnom des 611 personnes décédées dans la rue en 2022, une initiative pour rendre plus humains ces sans-abri. “Ce n'est pas normal qu'à l'heure actuelle, il y ait autant de personnes qui décèdent dans la rue et qu'il n'y ait personne pour les accompagner. On n'est pas des chiens, on est des êtres humains, et tout être humain a le droit d'être enterré dignement”, explique Bruno, de l'association La Cloche. Un moyen de mettre un nom sur un visage pour sortir ces personnes de l’anonymat. Pour Rodrigue, bénévole du collectif Les Morts de la rue, “on essaye de corriger ça, mais les morts passent un peu inaperçues. On n'en entend pas parler, la personne décède, elle est emportée jusqu'à l'institut médico-légal un peu dans l'indifférence générale, parfois même dans l'anonymat total, parce qu'on ne retrouve pas l'identité de la personne”, ajoute-t-il. 

Des bénévoles aident les sans-abri au quotidien


Le collectif Les Morts de la rue, créé il y a vingt ans, travaille justement sur la prévention. “Son action principale, c'est de faire savoir Il y a plusieurs manières de le faire savoir que vivre dans la rue tue. Il y a plusieurs manières de le faire savoir. Il y a l'hommage annuel aux morts de la rue auquel vous venez d'assister, il y a l'étude épidémiologique : depuis 10 ans, on est un observatoire de la mortalité des personnes sans domicile, on retrace les parcours de ces personnes. Rendre hommage, c'est rendre visibles ces personnes qui ne l'ont pas été durant leur vie”, explique Chrystel, coordinatrice du collectif Morts de la rue. 

Sans-abri : une nuit dans le froid avec Graziella et Andrei


La moyenne d’âge est de 49 ans 


Si quand le collectif a débuté, la moyenne des décès était de 45 ans et en 2022 à 49 ans, Bérangère Grisoni, présidente du collectif Les Morts de la rue déplore que l'espérance de vie des sans-abri ne dépasse pas 50 ans. “C’est effroyable, c'est 30 ans de vie en moins par rapport à la moyenne nationale. 49 ans en moyenne, c'est l'âge de quelqu'un qui vivait au Moyen Âge”, déplore-t-elle. 

Elles aident les sans-abri pendant la canicule


Ainsi, réaliser une marche pour ses femmes, ses hommes et ses enfants est déjà un geste. “À Paris, on voit beaucoup de SDF et c'est vrai que c'est quelque chose qui peut arriver à n'importe qui, surtout dans cette société, donc le fait de faire une petite marche, de faire quelque chose pour ces gens-là, c'est déjà quelque chose”, continue Chrystel, coordinatrice du collectif Les Morts de la rue. Destination finale, le cimetière du Père-Lachaise où le cortège pourra se recueillir et terminer sa marche par une chorale. Leur dernier hommage sera le dépôt de tous les panneaux avec les noms, classés dans l’ordre chronologique des mois de l’année 2022. 

À 11 et 12 ans, elles participent à des maraudes


Pour certains participants du cortège, cette marche est plus qu’un hommage aux sans-abri mais à d’anciens compagnons, comme Sophie, membre du collectif Les Morts de la rue : “Je suis là parce que j’ai vécu longtemps dans la rue, j’ai passé 20 ans à la rue donc ce n’est pas rien. Et c’est rendre hommage aux copains qui sont partis depuis ces 20 ans. En 2019, j'ai appris le décès d'un ami de la rue, mon père de rue, Pa' P'tit Louis. J'étais à la gare de Lyon. C’est lui et les autres, ses copains qui m’ont prise sous leurs ailes et qui m’ont un peu tout appris de la rue. Il a été poignardé à La Poste à la gare de Lyon, sur le boulevard Diderot. On meurt de tout à la rue, pas de froid ou de chaud, on meurt de tout”

Il vient en aide aux sans-abri en souffrance psychique


Bruno, ancien SDF et membre de la Chorale de La Cloche, rend également hommage à ces personnes et pousse sa voix pour qu’un jour, plus aucun individu ne soit victime de la rue : “J'ai 62 ans. J'ai été SDF et je fais partie de la chorale de La Cloche, c'est moi qui l'ai formée. On pense malheureusement à nos amis et on fera tout pour que, un jour ou l'autre, je l'espère, plus jamais ça n'arrivera. Il y en a marre. Même s'il n’y a pas 100 personnes, qu'il y a une dizaine de personnes, une chanson, un petit poème. Au moins la présence de quelqu'un qui soit là pour dire : au moins, il n'est pas mort tout seul”. 

Ils coiffent gratuitement les sans-abri et les plus démunis