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L'histoire du suicide collectif de Jonestown au Guyana

Plus de 900 adeptes sont morts dans un suicide collectif en 1978 au Guyana. Voici l’histoire de la secte américaine du Temple du Peuple.
Publié le
03
/
02
/
2023

Jim Jones a ordonné à ses 900 fidèles de boire une limonade au cyanure

Retour sur les origines du massacre Jonestown qui a provoqué la mort de plus de 900 personnes en Guyana, qui est l’ancienne Guyane britannique. Jusqu'aux attentats du 11-Septembre, et hors catastrophes, c’était l'événement ayant tué le plus de civils américains. Jim Jones, leader charismatique du mouvement, dont le vrai nom est James Warren Jones, fonde le Temple du Peuple en 1955 installée à Indianapolis dans l'Indiana, associant un message d'égalité raciale, à des éléments tirés du christianisme, du socialisme et du communisme.

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“C'est vraiment beau de voir qu'on a aboli toutes ces distinctions, non seulement raciales, mais aussi économiques. On refuse ce genre de barrières dans notre communauté. Il n'y a qu'une fraternité chaleureuse et une acceptation de tous” déclare à l’époque Jim Jones. Critiqué pour son opposition à la ségrégation raciale, il transfère le Temple du Peuple en Californie à San Francisco, en 1965, où il s'implique de plus en plus dans la politique locale.

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“Il a commencé à nous fouetter et à nous humilier en public”

En 1973, plusieurs fidèles ont déjà quitté la secte, expliquant que celle-ci s'est éloignée de ses valeurs originelles. Ces déclarations suscitent l'intérêt de la police et des médias, ce qui pousse Jim Jones à emmener ses fidèles au Guyana où la communauté fonde le Projet agricole du Temple du Peuple, Jonestown, en 1974. La communauté s'installe dans la jungle, à quelques kilomètres de Port Kaituma, un village du nord-est du pays. Ils fondent Jonestown en 1977, une colonie agricole soit-disant égalitaire. “Au début, il nous dirigeait avec amour et compréhension, puis il a commencé à dire qu'il fallait diriger les gens par la peur. Alors, il a commencé à nous fouetter et à nous humilier en public” avait témoigné à l’époque Jeanne Mills, ancienne fidèle de la secte.

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Le matin du massacre, des membres d'une commission d’enquête menée par Leo Ryan, membre du Congrès, viennent enquêter sur des accusations de maltraitances et de détentions illégales contre le gourou américain, Jim Jones. Ils sont tués par des adeptes au moment de quitter Jonestown. “Il disait : "Alors, maintenant, si des gens, des représentants du gouvernement ou autres essaient de venir ici, de nous détruire, de nous emmener, de découvrir des choses sur moi ou sur nous, nous nous tuerons” a déclaré Teresa Cobb, ancienne adepte de la secte.

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Ce soir-là, craignant une enquête sur les meurtres, craignant un examen approfondi des activités du groupe par le gouvernement, Jim Jones ordonne à ses fidèles de boire une limonade au cyanure, puis il se tire dessus. 913 adeptes de la secte, dont 276 enfants, meurent dans ce massacre et suicide collectif en ingurgitant du cyanure de potassium sous forme liquide, mélangé à une boisson, le “kool aid”. Les mères auraient elles-mêmes donné le poison à leur bébé. 


L’enquête révélera ensuite que certains montrant trop d’hésitations ont été fusillés. Certains auraient tenté de fuir dans la jungle, mais dépourvus d’eau et de nourriture, ils n’auraient pas réussi à survivre. La presse de l’époque indique que “huit cents passeports, environ 500 000 dollars en argent liquide et de nombreux lingots d’or ont été découverts dans les bâtiments de la communauté”. Il s’agit du plus grand suicide collectif qui ait jamais eu lieu. Moins d’une centaine d’adeptes ont survécu au drame.


Ce drame interroge également sur la personnalité de Jim Jones, le pasteur et gourou de la secte, qui avait “patronné”, c’est-à-dire qui avait reçu des lettres de référence de la part de diverses personnalités politiques des Etats-Unis quand il réclamait l’obtention d’accord du gouvernement du Guyana pour y installer et y fonder sa communauté agricole. Parmi les gens qui lui avaient donné son accord, on trouve notamment Rosalyn Carter, la femme du président Jimmy Carter, le vice-président Walter Mondale, le ministre de la Santé Joseph Califano et le maire de San Francisco. Si des hommes politiques lui ont apporté leur soutien, c’est en grande partie pour les œuvres de charité qu’avait créées Jim Jones en Californie.