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Incendies : la sénatrice Janet Rice fond en larmes au Parlement australien

Janet Rice fond en larmes alors qu'elle fait le deuil de sa femme et des milliards de vies humaines et animales perdues dans les incendies.
Publié le
04
/
02
/
2020

Les larmes de la sénatrice australienne Janet Rice


En plein discours au Parlement, elle a pleuré en évoquant les incendies en Australie et la mort de sa compagne, éminente climatologue.


Voici la retranscription du poignant discours que Janet Rice, sénatrice australienne, a prononcé au Parlement sur la situation climatique de l’Australie le 4 février.


« Un risque croissant de saisons des feux plus longues, plus intenses et plus dévastatrices »


Peut-être que certaines des choses que j'ai apprises au cours des cinq mois qui se sont écoulés depuis la mort de Penny peuvent nous aider à trouver comment gérer les pertes de cet été et comment avancer sur une nouvelle voie. Ma femme Penny est décédée en septembre. En plus d'être l'amour de ma vie, Penny était l'une des plus grandes climatologues australiennes.


Elle a travaillé au CSIRO [l'organisme gouvernemental australien pour la recherche scientifique, ndlr] pendant 30 ans, à la préparation de projections climatiques régionales. Cette science explique comment notre climat change, dans tout le pays. Elle a établi un risque croissant de saisons des feux plus longues, plus intenses et plus dévastatrices.


J'ai découvert que le chagrin ne se divise pas. Je pleure pour Penny et je pleure notre précieuse planète, en particulier les forêts, et la faune et la flore que nous avons tant protégées. Et quand je pense aux personnes qui ont perdu des êtres chers dans les incendies, je m'imagine facilement leur terrible chagrin et leur terrible perte, car j'ai vécu les mêmes aléas, qui ont conduit à une mort soudaine, inattendue et incompréhensible.


« Les recherches de Penny sur le climat semblent n'avoir servi à rien »


Je suis en colère parce que les recherches de Penny sur le climat et nos dizaines d'années de campagne semblent n'avoir servi à rien. Penny avait tellement peur de ce qui allait arriver cet été, et ça m'afflige de voir que ses craintes se sont réalisées. Mais je ressens un léger soulagement, au moins, elle n'aura pas eu à voir ses craintes se réaliser de façon aussi dévastatrice.


J'ai appris que le fait d'exprimer et de reconnaître une perte, de pleurer toutes les larmes de mon corps et de partager cette émotion avec les autres est cathartique. J'ai appris qu'on ne peut jamais avoir trop de câlins, et que le fait que les gens me tendent la main avec un simple « je suis vraiment désolé » est quelque chose de profond, de touchant. Ça m'aide à savoir que je ne suis pas seule.


À tous ceux qui ont perdu des personnes qu'ils aimaient, qui ont perdu des biens, qui ont vu leur ville et le pays qu'ils aiment détruits... Je suis vraiment désolée. J'ai appris que le chagrin est le revers de l'amour. J'ai appris que nos relations constituent une part importante de ce que nous sommes et qu'entretenir et chérir ces relations est essentiel à notre bien-être.


« Ces liens qui font partie de moi ne s'arrêtent pas aux liens avec les autres humains »


Quand Penny est décédée, je ne l'ai pas seulement perdue, j'ai perdu une grande partie de moi-même. Cette partie de mon identité, c'était l'amour, la connexion, l'interaction entre nous deux. Et j'ai réalisé à quel point les autres relations que j'ai avec des amis, des collègues et des connaissances comptent.


Si le fait d'exprimer notre chagrin pour les pertes subies cet été peut encourager les gens à tendre la main aux personnes qu'ils aiment et à renouer avec elles, alors cela représentera une étape importante sur ce nouveau chemin que nous parcourons ensemble. Et j'ai réalisé que ces relations, ces liens qui font partie de moi, ne s'arrêtent pas aux liens avec les autres humains.


« Nous faisons partie de la nature, nous ne faisons qu'un »


Nous faisons partie de la nature. Nous ne faisons qu'un. Et le profond chagrin que nous ressentons face à la perte de la nature et aux dommages que l'on cause à ces précieux paysages, aux milliards d'animaux que nous avons perdus... C'est parce qu'ils font partie de notre monde et que nous faisons partie du leur. Et nous les aimons comme nous nous aimons nous-mêmes. Nous ne pouvons pas les sacrifier pour les dieux de l'avidité et de l'égoïsme, ces barbares capricieux qui surchauffent notre planète.


Nous ne pouvons qu'espérer qu'à mesure que les gens ressentent une perte aussi profonde et aussi puissante, cela motivera un plus grand nombre d'entre nous à travailler pour protéger le reste de la nature des ravages d'un capitalisme néolibéral excessif.