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À Minneapolis, le discours de Tamika Mallory sur les violences racistes aux États-Unis

"Les immeubles brûlent parce que cet État préfère préserver ce nationalisme blanc plutôt que de poursuivre 4 policiers qui ont tué un homme noir."
Publié le
01
/
06
/
2020

Le discours de Tamika Mallory sur les violences racistes et l’oppression des Noirs aux États-Unis


Cette activiste afro-américaine a tenu un discours poignant à Minneapolis, en marge des rassemblements pour dénoncer les violences policières et rendre hommage à George Floyd.


« Pas de justice, pas de paix ! Si nous n'avons pas de justice, alors il n'y aura pas de putain de paix. C'est ce qu'il faut retenir. Laissez-moi commencer par vous dire que les personnes noires sont dans un état d'urgence. Nous sommes en état d'urgence », a déclaré Tamika Mallory lors d’un discours le 29 mai.


L’activiste afro-américaine, co-organisatrice de la Marche pour les femmes en 2017, a pris le micro à Minneapolis, en marge des rassemblements pour dénoncer les violences policières et rendre hommage à George Floyd. Elle a décrit un une oppression systémique des Noirs américains, « traqués » dès leur plus jeune âge. Voici son discours.


« Les Noirs, des grands-mères aux bébés, sont fatigués »


Les Noirs en Amérique et ceux qui nous soutiennent doivent comprendre la profondeur de cet état d'urgence. Et ça ne vient pas de commencer, c'est arrivé à un point critique. Nous en sommes à un point où les Noirs, des grands-mères aux bébés, sont fatigués. Les gens se rendent compte de cette attaque que nous subissons.


J'ai entendu quelqu'un dire à la télé que c'était comme si chaque personne noire en Amérique était traquée. C'est ce qu'on ressent. Cet état d'urgence provoque toutes sortes de choses. Mais la nuit dernière, depuis la Maison-Blanche, on a entendu le président des États-Unis dire que les pillages commencent, que les tirs commencent, ce qui fait référence à une autre époque raciste dans l'histoire de l'Amérique, quand la police nous maltraitait.


« Un Président qui dit : « Ne soyez pas si gentils quand vous les arrêtez » »


Ce Président, c'est le même homme, Donald Trump, qui, en 2018 à l'un de ses discours, a dit qu'il était nationaliste. Et c'est important pour que les gens comprennent ce à quoi nous avons affaire ici.


Si vous comprenez l'histoire du nationalisme blanc en Amérique, avoir un Président qui dit ça... On était déjà en état d'urgence à ce moment-là. Il a aussi ajouté, pendant une conférence de presse ou lors d'un autre événement, à l'attention des policiers : « Ne soyez pas si gentils quand vous les arrêtez. »


« Minneapolis préfère préserver cet état d'esprit de suprématie blanche plutôt que d'arrêter quatre policiers qui ont tué un homme noir »


Vous devez vous rappeler l'histoire de l'homme qui est à la Maison-Blanche. Il a dit : « Ne soyez pas aussi gentils avec eux. Frappez-les sur la tête quand vous les mettez dans une voiture. » C'étaient ses mots, en tant que président des États-Unis. Ce n'est pas un incident isolé. Ces exemples ne sont pas des cas isolés. Ce qui se passe en Amérique, c'est l'idéologie qui se déchaîne.


Et les immeubles brûlent parce que cette ville, cet État, préfèrent préserver ce nationalisme blanc et cet état d'esprit de suprématie blanche plutôt que d'arrêter, de poursuivre et de contribuer à l'inculpation de quatre policiers qui ont tué un homme noir. Voilà la réalité de ce à quoi nous avons affaire. Il ne s'agit pas de quelques policiers qui ont fait deux, trois conneries dans le pays.


« Les personnes noires sont en train de mourir dans un état d'urgence »


Ce n'est pas le bon flic contre le mauvais flic. C'est Ahmaud Arbery descendu par des hommes blancs dans les rues de Géorgie. Breanna Taylor tuée chez elle. Ça se passe à New York où nous étions avec Until Freedom, on vient d'aller à New York se battre contre des policiers qui au nom de la distanciation sociale n'étaient pas loin d'assassiner nos jeunes Noirs dans nos rues.


Les personnes noires sont en train de mourir dans un état d'urgence. Nous ne pouvons pas voir ça comme un incident isolé. Les immeubles ne sont pas en train de brûler uniquement pour notre frère George Floyd. Ils brûlent parce que les gens ici dans le Minnesota sont en train de dire aux gens à New York, aux gens en Californie, aux gens à Memphis, aux gens à travers le pays : « Ça suffit ! »


« Il y a un moyen facile de les calmer : arrêtez les flics »


Nous ne sommes pas responsables de la maladie mentale qui a été infligée à notre peuple par le gouvernement américain, les institutions et ceux qui sont en position de pouvoir. Je m'en fous s'ils brûlent les supermarchés Target. Parce que Target devrait être dans les rues avec nous, criant que justice doit être rendue. Où était AutoZone quand Philando Castile a été tué par balles dans une voiture, puisque c'est ce qu'ils vendent ? Où étaient-ils ?


Si vous ne venez pas à la défense du peuple, alors ne nous provoquez pas quand les jeunes et les autres sont frustrés et poussés par des gens que vous payez ! Vous payez des casseurs pour venir parmi les gens dans les rues casser les fenêtres et brûler les immeubles. Et les jeunes réagissent à cela. lls sont enragés. Mais il y a un moyen facile de les calmer : arrêtez les flics. Inculpez les flics. Inculpez tous les flics.


« Nous avons appris la violence de vous »


Pas seulement certains d'entre eux, ici à Minneapolis, inculpez-les dans toutes les villes d'Amérique où notre peuple est assassiné. Inculpez-les partout. C'est tout ce qu'il y a à faire. Faites votre travail. Faites ce que vous dites que ce pays est censé être, la terre de la liberté pour tous. Il n'y a pas de liberté pour les Noirs et nous sommes fatigués. Ne nous parlez pas de pillages. Vous êtes les pilleurs. L'Amérique a pillé les Noirs. L'Amérique a pillé les Amérindiens quand ils sont arrivés ici.


Le pillage, c'est ce que vous faites. Nous l'avons appris de vous. Nous avons appris la violence de vous. La violence, c'est ce que vous nous avez appris. Si vous voulez que nous fassions mieux, vous, faites mieux.