Cette vidéo sera publiée prochainement

L'histoire des Anonymous

Après 5 années discrètes, ils refont surface suite à la mort de George Floyd, et menacent la police de Minneapolis. Voici l'histoire des Anonymous.
Publié le
04
/
06
/
2020

C’est quoi, les anonymous ?


Ils signent leur grand retour avec les manifestations qui ont suivi l’homicide de George Floyd. Mais comment se compose cette organisation, et quelles sont ses actions ?


Le 29 mai, une vidéo fait le tour d’Internet : les anonymous menacent la police de la Minneapolis après la mort de George Floyd. « Nous ne faisons pas confiance à votre organisation corrompue quand il s’agit de mener à bien la justice. Nous allons donc montrer au monde vos nombreux crimes. » La vidéo relance par la même la fascination pour le mouvement anonymous, créé en 2003.


« Tout le monde peut faire une vidéo au signée anonymous »


Anonymous est un mouvement de cyberactivistes né en 2003 sur la plateforme 4chan, un forum anonyme de partage d’images. Tout le monde peut s’en réclamer, car anonymous n’est pas une organisation, mais un mouvement décentralisé et sans hiérarchie. « Il y a beaucoup d’initiatives individuelles donc tout le monde peut faire une vidéo au signée anonymous », explique Gabriella Coleman, anthropologue spécialiste des anonymous.


Ils ont un logo, un masque… Et une maxime : « Nous sommes les anonymous / Nous sommes légion / Nous ne pardonnons pas / Nous n'oublions pas / Comptez sur nous. » Ils sont proches d’autres organisations comme Black Lives Matters, Occupy Wall Street ou Wikileaks et défendent avant tout la liberté sur Internet.


Ils se font connaître en 2008 en s’attaquant à la scientologie


En 2012, après la fermeture du site de téléchargement illégal megaupload, ils s'attaquent au site du FBI et au site de l’Élysée. C’est en 2008 qu’ils se font connaître en s’attaquant à la scientologie, qu’ils accusent de censure sur le web. « Bonjour la scientologie. Nous sommes les anonymous. Depuis des années, nous vous observons. Vous ne pouvez pas vous cacher. Nous sommes partout », déclarent-ils alors.


Les anonymous lancent ensuite le « projet chanology » : une série d’attaques informatiques, avant que la contestation ne prenne forme dans les rues de plus d’une centaine de villes à travers le monde. Tous les mois, à jour fixe, ils manifestent. Les manifestants adoptent alors un masque inspiré de la bande-dessinée V pour Vendetta, elle-même inspirée du personnage de Guy Fawkes. Cet opposant catholique à la couronne d’Angleterre avait tenté de faire sauter la Chambre des Lords en 1605.


Ils ciblent pêle-mêle le Klu Klux Klan, Paypal et Mastercard, des régimes autoritaires…


« C’est difficile de dire qui est derrière ce groupe, mais ce qui est sûr, c’est qu’ils sont très intelligents et connaissent l'informatique. Ils savent comment fonctionne Internet et ils ont un but », assure Raimund Ege, professeur d’informatique Université de l’Oregon. Les cibles des anonymous sont diverses : le Klu Klux Klan, des entreprises comme Paypal et Mastercard, des régimes autoritaires pendant le printemps arabe en 2011, ou des organisations terroristes comme l'organisation État islamique.


Les anonymous ont en effet supprimé plus de 20.000 comptes Twitter appartenant à Daech. Mais l’action action a été fustigée par les agences gouvernementales chargées d’espionner les djihadistes. Les anonymous ont également été sous le feu des critiques après la mort de Michael Brown à Ferguson en 2014. Ils avaient en effet révélé l'identité du policier qui avait tiré... mais l'information était fausse.


Après cinq années discrètes, les anonymous refont surface après la mort de George Floyd, avec pour cible la police de Minneapolis et Donald Trump. Coleman : « Ce qui est fascinant avec eux, c’est que d’un côté, il y a une forme de stabilité et de cohérence. Mais de l’autre, ils peuvent changer en fonction de l'actualité médiatique ou de leurs nouvelles orientations stratégiques », résume Gabriella Coleman.