Cette vidéo sera publiée prochainement
11 questions pour mieux comprendre la situation en Israël
“Ce qui s'est passé est totalement inédit”
“C'est un peu un 11-Septembre pour Israël. On n'est plus du tout dans une séquence où la diplomatie pourrait prévaloir. L'enjeu est ailleurs, puisque, d'ailleurs, de l'aveu même du chef du gouvernement israélien, il s'agit de “décapiter le Hamas de manière définitive”, c'est-à-dire à la fois les chefs militaires et les chefs politiques, avec évidemment tous les attendus incertains sous-jacents” explique David Rigoulet-Roze, chercheur à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS). Le chercheur ajoute que des opérations notamment au sol sont à prévoir. “Il y a près de 130 otages. Et donc c'est un dilemme terrible parce que la vie humaine n'a pas de prix, mais en même temps, cela ne peut pas être un obstacle à la nécessité de l'opération qui va être lancée”.
6 questions pour mieux comprendre ce qu’est la bande de Gaza
Selon David Rigoulet-Roze, ce qui est en train de se dérouler est inédit “parce que jusqu'à présent, le Hamas ne s'était jamais engagé dans une confrontation globale, en prenant le risque d'une réponse effectivement massive. Il y a toujours eu des lancements de roquettes, avec des phases, des séquences belligènes qui duraient quelques jours, voire quelques semaines. Mais c'était toujours limitatif, et ça donnait lieu après à des cessez-le-feu plus ou moins respectés. Là, on passe à un niveau totalement différent”. Pèsent plusieurs menaces d’un conflit qui pourrait se généraliser : “Pour que le Hamas prenne un risque aussi grand, c’est-à-dire le risque de disparaître, ça induit le fait qu’il a un certain nombre d'assurances d'une possibilité d'élargissement du conflit, c'est-à-dire de soutiens dans une deuxième séquence. Et là, on rentre effectivement dans la possibilité d'un engrenage qui est extrêmement dangereux”.
9 questions pour comprendre le conflit israélo-palestinien
“La communauté internationale est très préoccupée par une logique escalatoire potentielle”
Le chercheur explique que les attaques du Hamas aient eu lieu à ce moment-là pour plusieurs raisons : “il y avait une fenêtre d'opportunité qui s'était présentée. D'abord, en termes de calendrier, c'était l'anniversaire douloureux de la guerre du Kippour, une fête juive, avec shabbat, donc un relâchement supposé de l'attention. Par ailleurs, il y avait des fractures au sein de la société israélienne depuis plusieurs mois concernant la question de la réforme sur la Cour suprême qui donnait lieu à des débats enflammés en Israël. Et donc la vigilance était focalisée en interne, et possiblement une baisse de vigilance en externe. Ce qui avait été d'ailleurs stigmatisé par les chefs des services de renseignement successifs, en disant qu'lsraël s'exposait à des menaces extérieures, en exprimant ses fractures internes”.
Quelles relations entre Israël et les pays du Maghreb ?
Le bilan des victimes côté israélien et palestinien ne cesse de s’alourdir jour après jour. David Rigoulet-Roze précise que l’offensive du Hamas a été une “opération de terroristes, en allant exécuter des civils. Ce n'était pas du tout une opération purement militaire. Et c'est là le problème, c'est qu'effectivement, ça rentre dans le cadre des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité dans le droit international. Ça ne fera pas les affaires de la cause palestinienne même si le Hamas pense capitaliser, justement, sur la réponse massive des Israéliens pour pouvoir disqualifier, effectivement, Israël avec les dégâts collatéraux qui seront inévitables. Mais en réalité, c'est une tragédie, de toute façon globale”.
Pour ce qui est de l’évolution du conflit, le chercheur indique qu’il est très difficile d’estimer sa durée. “Dans une logique d'engrenage et une logique escalatoire, ce qui est sûr, c'est que ça ne sera pas en quelques jours, ni en quelques semaines. La communauté internationale est très préoccupée par cette logique escalatoire potentielle, parce que derrière, il y a le Hezbollah au Liban, il y a la Syrie, il y a l'Iran, et on a vu que les Américains étaient en train de rehausser le curseur de leur engagement dans le Golfe”.
Voir le documentaire Brut de Camille Courcy : “Israël, le choc des jeunesses”