Cette vidéo sera publiée prochainement
3 ans après l’explosion sur le port de Beyrouth
Vivre après la mort d’un enfant
Il y a trois ans, la terrible explosion sur le port de Beyrouth endeuillait le Liban. Des centaines de personnes ont perdu la vie et parmi elles, Alexandra, âgée de trois ans. “Aujourd'hui, notre vie est un peu divisée en deux, donc il y a notre vie qui continue, avec notre fils, et nous qui avons décidé aussi de continuer à vivre, et il y a une autre partie de notre vie qui est toujours dans la quête de justice et de vérité, parce que trois ans après, en fait, on n'a encore rien.”, indique Paul Naggear, père d'Alexandra Naggear.
Enquête sur les dessous de la catastrophe du port de Beyrouth
Une émotion que partage bien évidemment sa femme et mère d'Alexandra Naggear, Tracy Naggear : ”Le jour où ça s'est passé, je pense que tous les deux, on ne s'imagine même plus vivre, on se demande comment est-ce que c'est possible de vivre sans sa fille. Avec le temps, surtout dans notre cas à nous, on a un couple très solide, on vit l'un pour l'autre. Notre bataille pour elle, pour la justice pour elle, nous donne aussi beaucoup de force. Il y a le peuple. N'oublions pas qu'aujourd'hui, on a un peuple qui a lui-même reconstruit tous les dégâts causés par cette explosion. C'est le peuple qui nous a transportés à l'hôpital. Donc il y a un peuple qui est à côté de nous et qui nous donne énormément de force. Et il y a notre petit garçon, qui nous a sauvés et du moment où j'ai accouché, je pense que c'était une bouffée d'espoir et de force, et pour lui, on ne peut juste pas laisser tomber.”, explique-t-elle.
À Beyrouth, des milliers de bénévoles pour reconstruire les habitations détruites
Une justice à l’arrêt
Paul Naggear explique que la difficulté est aussi que la justice ne puisse se faire par rapport à ce tragique évènement. “De ce qu'on a compris, beaucoup de responsables politiques et, du coup, par affiliation, les partis auxquels ils appartiennent, sont responsables de l'explosion. Et ce n'est pas juste nous qui le disons. Je fais référence, par exemple, au rapport de Human Rights Watch, qui est une organisation internationale des droits de l'homme, très, très sérieuse, ça paraissait assez clair que le régime ne revienne de manière très solidaire et attaque la justice et essaye de la bloquer et c'est ce qu'ils ont fait depuis le début”. Le père de famille déplore le fait que la justice soit à l’arrêt alors que le dossier est instruit à 90 % donc en finalisation. “C'est très triste, ça fait beaucoup de mal. Normalement, dans un pays normal, l'État est là pour servir ses citoyens. Et le premier droit, c'est le droit à la justice, et nous, on ne l'a pas, et au contraire, on nous arrête.”, ajoute Paul Naggear.
Au Liban, la jeunesse se mobilise après l'explosion à Beyrouth
Tracy Naggear explique qu'elle ressent un mélange de frustration, de colère, de tristesse et d’angoisse. “Parce que, quand on y pense, les criminels sont encore dans la rue. Ils n'ont pas été arrêtés donc, du coup, pourquoi est-ce que le 4 août 2020 s'est passé et ne se repasserait pas ? Parce que ces gens n'ont pas été punis.” La mère de famille ne souhaite pas faire passer de message, indiquant que les politiciens du Liban ne représentent pas le peuple.
Explosion à Beyrouth : le combat des pompiers pour connaître la vérité
En sa mémoire
Pour son père, Alexandra est une “petite fille incroyable, pleine d'amour, pleine de joie, qui n'arrêtait pas de courir vers nous pour nous faire des bisous, comme ça, spontanément, très joyeuse, très proche de nous, très proche de nos amis, même, quelqu'un de très, très sociable”. Pour sa mère, la petite fille est encore très présente : "C'était quelqu'un de très généreux, d'hyper affectueux, de très maline, elle aimait beaucoup la musique. Je pense qu'elle est encore avec nous. Je ne sais pas si c'est une façon de nous consoler, chacun le fait à sa façon, mais on la sent avec nous, on sent qu'elle est là, qu'elle est présente à travers ce qu'on fait, à travers son frère, à travers nous, je la vois en Paul, Paul la voit en moi. Elle n'est pas partie.”
À Beyrouth, la solidarité s'organise après la catastrophe