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Toujours en guerre, des Syriens manifestent en soutien à l’Ukraine
11e anniversaire de la guerre en Syrie
"Mon message, en tant que personne qui a vécu la guerre pendant 11 ans, c'est le même tueur ici que celui en Ukraine. Tenez bon, parce que la détermination et l'amour de votre terre sont plus forts que toute autre arme sur terre”.
Abdel fait partie des près de 5 000 Syriens qui sont descendus dans la rue à Idleb ce 15 mars pour marquer leur soutien aux Ukrainiens qui sont touchés par la guerre en Ukraine. Une date qui marque le 11e anniversaire du début de la guerre en Syrie.
"Cela fait 11 ans que la révolution syrienne a débuté, mais aujourd'hui, c'est comme si c'était le premier jour” ajoute une autre manifestante, Salwa.
Plus de 500 000 morts en 11 ans de conflit
Idleb est l’une des dernières villes de résistants au régime de Bachar Al Assad en Syrie. Depuis 2015, le chef de l’Etat est soutenu militairement sur le terrain par la Russie. Selon l’Observatoire syrien des droits de l'Homme, le conflit a fait plus de 500 000 morts.
David Rigoulet-Roze est chercheur associé à l’IRIS. Il explique : “Ils ont manifesté leur soutien ostensible à l’Ukraine parce qu’il y a une forme de solidarité dans l’expérience de la souffrance on va dire par rapport à un ennemi jugé commun.
En l'occurrence, la Russie de Vladimir Poutine puisqu’il faut rappeler qu’en Syrie, le régime de Bachar Al Assad a été sauvé en très grande partie par l’intervention militaire, essentiellement aérienne du reste, de la Russie de Vladimir Poutine en septembre 2015.”
Depuis 2020, les combats ont diminué en Syrie. Mais la guerre n’est pas terminée. L’armée russe est d’ailleurs toujours présente sur place.
En Pologne, un élan de solidarité s’est déclaré envers l’Ukraine.
La guerre en Syrie n’est pas encore terminée
Selon David Rigoulet-Roze, “les opérations militaires majeures sont quasiment à l’arrêt aujourd’hui. Enfin, elles sont plus ou moins terminées. Mais la guerre n’est pas terminée dans la mesure où une guerre se termine par une stabilisation politique, et ce n’est pas le cas.”
Pendant la manifestation à Idleb, de nombreux Syriens pro-démocratie ont envoyé des messages de soutien au peuple ukrainien. C’est le cas de Radwan : "Ce qu'il se passe aujourd'hui en Ukraine est identique à ce qu'il se passe ici, l'ennemi est le même et le but est le même. Nous demandons aux Ukrainiens de tenir bon et de s'opposer à cette invasion russe criminelle”.
Dans d’autres villes de Syrie contrôlés par le régime de Bachar Al-Assad, comme ici à Damas la capitale, des habitants ont affiché leur soutien, eux, à la Russie.
“On retrouve la fracture de la guerre civile syrienne. C’est-à-dire que ceux qui vont afficher leur soutien à la résistance ukrainienne, sont ceux qui ont perdu la guerre civile en Syrie justement au profit du régime de Bachar Al-Assad”, explique David Rigoulet-Roze avant d’ajouter :
“Et inversement, ceux qui vont manifester leur soutien à la Russie le font en remerciement du soutien que la Russie a apporté au régime de Bachar Al-Assad à partir de 2015. Donc on voit que les choses sont très binaires de ce point de vue-là.”
En 2020, cette vidéo d’un père jouant avec sa fille pendant des bombardements en Syrie était devenue virale et derrière elle, se cachait le quotidien d’habitants encore en guerre.
40 000 combattants de l’armée syrienne seraient envoyés en Ukraine
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, une liste de 40 000 combattants de l’armée syrienne et de milices pro régimes a été établie par le Kremlin pour être déployée en Ukraine aux côtés de l’armée russe.
David Rigoulet-Roze : “Ça s’explique assez largement aussi par des raisons économiques et pas uniquement idéologiques. Il y a effectivement un recrutement mercenairial qui a une dimension économique tout simplement parce qu’avec l’effondrement économique en Syrie à l’issue de plus de 10 ans de guerre, vous avez un taux de chômage et de pauvreté qui a explosé. Et donc, des jeunes qui sont en déshérence. Et il y a des opportunités offertes par ce type de recrutement.
On estime que les contrats qui sont proposés sont entre 200 et 300 dollars par mois, pour une durée de 6 mois, renouvelable. Au lieu de 10 fois moins en restant en Syrie. Alors ceux qui sont recrutés il y a une dimension interlope c’est-à-dire que ce sont des profils qui ne sont pas vraiment recommandables.
Mais ce n’est pas non ce que recherche Vladimir Poutine puisqu’il veut pouvoir bénéficier de l’expertise de ceux qui ont participé à la guerre civile en Syrie, notamment avec la guerre des villes, comme à Alep etc. pour faire du service d’ordre dans les villes reprises type Kherson et éviter d’exposer trop les soldats russes qui se trouvent engagés dans l’opération militaire dite spéciale.”