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Interview Brut : Denis Mukwege, prix Nobel de la paix

On le surnomme "l'homme qui réparait les femmes". Dans son hôpital en République Démocratique du Congo, il a sauvé plus de 50 000 femmes mutilées et excisées. Brut a rencontré Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018.
Publié le
10
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12
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2018

Denis Mukwege raconte la réalité des viols de guerre


« L’homme qui répare les femmes », co-prix Nobel de la paix 2018, raconte à Brut l’atrocité des mutilations sexuelles sur les femmes en République démocratique du Congo.


Le gynécologue congolais Denis Mukwege est le co-prix Nobel de la paix 2018. Depuis 1999, plus de 50.000 femmes ont été opérées et soignées gratuitement dans l'hôpital qu’il a fondé en République démocratique du Congo (RDC).


La RDC est une zone de conflits depuis plus de 20 ans, et le viol y est utilisé comme une arme de guerre. Grâce à son prix Nobel de la paix, Denis Mukwege espère éradiquer ce fléau en mobilisant la communauté internationale. Entretien.


« Ces actes barbares sont souvent faits en présence de toute la communauté »


Ces actes barbares qui se commettent sur le corps des femmes sont souvent faits en public, en présence des enfants, en présence des maris, en présence de toute la communauté. Avec un objectif : détruire la victime, mais également détruire toute sa communauté. Ça aboutit à la destruction du tissu social.


Cela s'aggrave surtout lorsque la femme devient enceinte et qu'elle a un enfant issu de ces viols spectaculaires. Vous pouvez imaginer le sort, non seulement de la victime, donc de la femme, mais aussi de cet enfant qui naît du viol.


« Des objets contondants introduits dans l'appareil génital des femmes après qu’on les a violées »


Elles se présentent avec des lésions diverses. Ces lésions peuvent être dues aux balles réelles, aux baïonnettes ou aux objets contondants qui sont introduits au niveau de l'appareil génital des femmes après qu’on les a violées. Nous avons aussi vu des cas où les femmes présentaient des brûlures au niveau de l'appareil génital.


Je crois que le fait de reconnaître cette souffrance apporte un espoir. On voit que, finalement, le monde peut non seulement envisager des réparations pour ces victimes, mais également des réparations pour leurs familles. Elles se trouvent discriminées, isolées et parfois rejetées. Une réparation est donc importante pour que ces victimes puissent reconstruire leur vie.


« Il faut que ceux qui ont commis ces actes soient reconnus coupables »


Il faut que ceux qui ont commis ces actes soient reconnus coupables. Tout ce processus est très, très important. La dernière chose, c'est espérer qu'il y aura de plus en plus de pays qui vont se mettre debout pour tracer cette ligne rouge contre l'usage du viol comme arme de guerre. C'est ce que nous espérons de ce prix Nobel de la paix.