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L'Antarctique confronté à des records de chaleur
Des températures “jusqu’à 35 degrés au-dessus” des normales habituelles
Des températures records, ça se passe en Antarctique. Géraldine Danon en revient tout juste. Elle est réalisatrice de documentaires et voici ce qu’elle a vu.
“Les pôles sont le baromètre de ce qui se passe ailleurs dans le monde, ils contiennent 90% de la glace terrestre, 70% de l’eau douce mondiale. Si cette glace était amenée à fondre, ça créerait une hausse des océans et des mers de 60 mètres, donc assez inquiétante” explique la réalisatrice.
Gaëtan Heymes, météorologue spécialiste de l'Antarctique, décrit : “On a observé des températures jusqu’à 35 degrés au-dessus de ce qui est habituellement observé. C’est-à-dire qu’au lieu d’avoir -45, -50, on a eu des valeurs parfois supérieures à -15 degrés dans l’intérieur.”
Une situation qui inquiète particulièrement les scientifiques que la réalisatrice a rencontré dans la base argentine en Baie Marguerite : “Ils ont enregistré l’année dernière, en avril, une température à 18 degrés, ce qui n’était jamais arrivé. Ils s’aperçoivent que la banquise est de plus en plus fine.”
En 1963, en France, on s’interrogeait déjà sur la fonte des glaces. Revisionniez les images d’archives.
Un bloc de glace de la taille de Rome ou New-York s’est détaché
Ce que Géraldine Danon note depuis sa première expédition en 2011, “c’est qu’il y a de plus en plus d’icebergs. La calotte glacière, l’Inlandsis, qui est un peu le chapeau des pôles, se déverse dans la mer par des ice shelves, des glaciers, et ces glaciers larguent des gros bouts de glace, des icebergs qui peuvent mesurer la taille de la Corse.”
Mi mars, une bloc de glace de 1 200 kilomètres carrés s’est détachée d’un glacier. C’est la taille d’une ville comme Rome ou New-York.
“Et nous, on en voit de plus en plus des icebergs, dont on ne voit évidemment que la partie émergée, mais qui sont quatre ou cinq fois supérieurs au-dessous, immergés, et qui truffent la mer, donc c’est à dire qu’on se bagarre entre glace de mer, banquise et glace d’eau douce des icebergs qui sont de plus en plus vêlés par les glaciers, et ça c’est vraiment notable et très inquiétant” affirme la réalisatrice.
Augmentation du niveau de la mer, îles rayées de la carte… Voilà pourquoi la fonte du glacier Thwaites inquiète les scientifiques.
Des risques de hausse extrême du niveau des mers
Selon une étude parue dans la revue Nature en 2018, l’Antarctique a perdu 3 000 milliards de tonnes de glace depuis 1992.
Selon Gaëtan Heymes, “ce qui explique cette hausse vraiment subite des températures, c’est un phénomène météo, ça s’appelle une rivière atmosphérique. En fait, c’est une zone dans l’atmosphère où il y a énormément de vapeur d’eau, celle-ci provient des latitudes plus au Nord, disons vers l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Au lieu d’avoir des conditions extrêmement froides et sèches de l’Antarctique, on a des conditions beaucoup plus humides et donc douces. En fait, ce phénomène existait déjà avant que le climat ne change, par contre, il n’avait jamais été observé de cette intensité.
C’est assez inquiétant dans la mesure où l’Antarctique, c’est le plus grand réservoir d’eau douce de la planète, et que si ces épisodes venaient à se répéter, ils engendreraient une déstabilisation éventuelle des calottes glaciaires, notamment près du continent et pourraient accélérer en fait le transport d’eau douce vers l’océan et participer ainsi à la hausse du niveau des mers.”
Au même moment, de l’autre côté du globe, l’Arctique a également connu de fortes hausses de chaleur avec des températures 30 degrés au-dessus des normales de saison.
Froid extrême, isolement, environnement désertique… On a suivi le Youtubeur Jacob Karhu qui a passé plus d’un mois dans une base scientifique en Antarctique.
“Il faut se prendre en main parce qu’il est encore temps”
La réalisatrice explique que chaque mission expédition en Antarctique est très encadrée : “Il faut savoir qu’on ne vient pas facilement, il faut beaucoup d’autorisations. On n’apporte rien là-bas, on est en parfaite autonomie.
On gère nos déchets, on gère absolument tout, il est bien entendu hors de question de jeter quoi que ce soit ou de laisser quoi que ce soit sur ce continent extrême. Idem, nos chaussures, on débarque à terre, on nettoie tout, on revient, on nettoie tout, enfin il y’a vraiment des règles.
Mais quand on en revient, on en revient tout à fait conscient de l’urgence qu’il y a à modifier nos comportements. Il faut se prendre en main, il faut prendre en main notre planète, l’aimer et faire tout pour, parce qu’il est encore temps, et ça en vaut la peine.”
Revoyez les images de cet iceberg grand comme 50 fois Paris qui se détachait de l’Antarctique en 2017.