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L'appel de Ghada Hatem pour garantir le droit à l'IVG pendant le confinement

Avec 250 médecins, la gynécologue Ghada Hatem se dit prête à défier la loi pour garantir les droits des femmes à l’IVG pendant le confinement.
Publié le
10
/
04
/
2020

Pendant le confinement, l’accès à l’IVG est menacé


250 médecins alertent sur les difficultés que rencontrent les femmes souhaitant se faire avorter en période de confinement. Rencontre avec la gynécologue Ghada Hatem.


Avec 250 autres médecins, la gynécologue-obstétricienne Ghada Hatem, fondatrice de la Maison des femmes, se dit prête à défier la loi pour garantir l’accès à l’IVG pendant le confinement et le déconfinement.


Pour signer l’appel, c’est par ici(target="_blank").


« Les femmes sont tout aussi enceintes qu’avant »


Nous sommes inquiets.


Les femmes sont tout aussi enceintes qu’avant, et celles qui ne voulaient pas garder leur grossesse ne le veulent toujours pas. Nous espérons donc vraiment être entendues et pouvoir accueillir les femmes, qui ne vont pas manquer d’arriver sitôt le déconfinement prononcé, pour pouvoir les accompagner.


Nous avons également augmenté l’offre d’avortement médicamenteux parce que c’est une très bonne réponse. Elle permet de faire vite, elle permet de faire avec peu de déplacements. Les recommandations, aujourd’hui, sont d’avorter à domicile jusqu’à cinq semaines de grossesse et à l’hôpital jusqu’à sept semaines de grossesse.


« Les femmes ont peur de venir consulter »


Nous avons demandé au gouvernement la possibilité d’avorter à domicile jusqu’à 7 semaines de grossesse car cela nous semble plus sûr et plus facile pour les femmes. Nous attendons une réponse positive : les signaux sont en faveur de cette possibilité, ce qui est une excellente opportunité pour les femmes.


Malheureusement, malgré notre réorganisation, nous observons deux choses qui nous préoccupent. La première, c’est la baisse des consultations. Les femmes ont peur de venir. Elles ont peur parce qu’on leur a demandé de se confiner et qu’elles obéissent, elles ont peur d’être malades, elles ont peur parce qu’elles vivent avec un conjoint qui ne leur laisse probablement pas la possibilité d’aller consulter pour cette demande d’avortement.


« Nous craignons des demandes d’avortement pour lesquelles le délai sera dépassé »


Elles ont peur parce qu’elles vivent dans une famille, qu’elles sont mineures et que leurs parents ne savent même pas qu’elles ont un petit ami, qu’elles ont des rapports sexuels et qu’elles sont potentiellement enceintes. Là où les femmes pouvaient venir en prétextant aller à l’école, accompagner les enfants, aujourd’hui, elles ne viennent plus. Cela nous fait craindre des demandes d’avortement pour lesquelles le délai sera dépassé au moment du déconfinement.


Comme nous ne voulons pas que les femmes soient victimes d’une double peine – ne pas avoir pu avorter et être obligée de garder cet enfant – nous avons demandé à l’État la possibilité en sortie de déconfinement de faire des avortements normaux avec la procédure simple, qui est la procédure française, jusqu’à 14 semaines de grossesse.


« Vous avez le droit de demander une IVG, c’est un soin urgent »


Malheureusement, l’État n’a pas encore répondu à notre requête et nous avons l’impression que ce sujet est relégué comme étant non prioritaire. Notre message pour les femmes est simple : n’attendez pas. Vous avez le droit de demander une IVG, c’est un soin urgent. Vous pouvez le justifier auprès des policiers qui vous arrêteront.


Vous ne trouverez pas porte fermée parce que la plupart des centres d’avortement sont restés ouverts, et nous sommes là. Et même si des soignants sont tombés malades, la plupart d’entre eux sont revenus et sont prêts à vous accompagner. Venez, tout est organisé, tout est fait vite, simplement et sécurisé.