Cette vidéo sera publiée prochainement
L'auteure Grace Ly raconte les clichés sur les femmes asiatiques
Racisme anti-Asiatiques et sexisme : l’autrice Grace Ly raconte
Les clichés sur les femmes asiatiques, l’autrice Grace Ly a été confrontée dès son enfance. Entretien.
« On me disait "tching-tchang-tchong", "chinetoque", "la noi-chi". On m’a demandé si j’avais un vagin serré. Il y a une idée reçue que les femmes asiatiques auraient un vagin plus serré que d’autres femmes », se souvient Grace Ly, autrice et co-créatrice du podcast Kiffe ta race sur Binge Audio.
L’hypersexualisation des femmes asiatiques
Dès l’enfance, Grace Ly a été exposée l’hypersexualisation des femmes asiatiques. « On me demandait si j’étais masseuse ou prostituée, combien ça coûtait. Il y avait cette image d’une femme asiatique au service de l’homme », analyse l’écrivaine. Qui s’insurge : « Je ne suis pas une carte postale d’une femme lascive, docile, soumise. Et je ne suis pas non plus un manga exubérant, avec des cheveux de toutes les couleurs. »
Autre cliché récurrent sur les femmes d’origine asiatique : elles se ressembleraient toutes. « On nous met dans une même case, une catégorie sexuelle ou même pornographique – parce que ça existe sur les sites pornographiques – comme s’il y avait un supermarché et que j’étais une allée. C’est une marchandisation du corps de la femme, de mon identité et de l’héritage culturel que j’ai pu recevoir », dénonce Grace Ly.
« On ne nous voit pas comme une personne humaine avec des sentiments »
Depuis l’enfance donc, l’autrice se rappelle avoir été objectifiée, une sensation d’une grande violence. « On ne nous voit pas comme une personne humaine avec des sentiments, des émotions, avec toute une gamme de ressentis. »
Même certains clichés dits « positifs » la ramenaient constamment à cette objectification et cette absence d’identité. « On nous attribue une valeur. En tant que femme asiatique, j’étais plutôt bien cotée parce que je renvoyais l’image d’une femme souple, docile et soumise », développe Grace Ly. Mais le racisme n’est jamais positif, rappelle l’autrice.
Ses propres enfants sont victimes des mêmes moqueries
Selon elle, cette imagerie est notamment liée aux années de guerre de la France dans les pays asiatiques – et aux bordels où se rendaient les soldats – et à de nombreuses références culturelles.
Aujourd’hui, ses propres enfants sont victimes des mêmes moqueries auxquelles elle devait faire face enfant. « Ils sont dans la cour d’école et on leur dit "tching-tchang-tchong", "sale Chinoise", "chinetoque". 30 ans après, rien n’a changé. »